Ines Johnson - La Sacrifiée Indécise стр 4.

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La seule option était de fourrer le pantalon sous sa robe dété. Cétait un endroit où Bruce ne regarderait pas. Il lui écarterait bien les cuisses au milieu de la journée sil navait pas tiré son coup avec une de ses michetonneuses pendant la nuit, mais il ne lèverait jamais les yeux sur elle pendant quil le faisait.

Tu mas entendu, espèce de pétasse moche ? dit Bruce en tournant langle de la chambre à coucher qui faisait aussi office de salon.

Il portait un caleçon moulant et miteux, sa bedaine débordant par-dessus. Son torse velu était nu. Il y avait un trou à lorteil de lune de ses chaussettes bleues. Mais cétait ses chaussettes des grandes occasions. Visiblement, il devait aller quelque part dimportant, et il avait besoin de ce jean, sa meilleure tenue.

Merde, merde.

Tu as regardé dans le panier à linge ? demanda innocemment Poppy.

Elle tapota son ventre, essayant davoir lair naturel et non pas lair dêtre enceinte. Une chose sur laquelle elle ne faisait jamais limpasse malgré ses maigres revenus, cétait la contraception. Elle se rendait à la clinique voisine tous les mois, avec une régularité de métronome, pour sa pilule. Elle navait pas envie de faire naître un bébé dans cette misérable vie dont elle voulait elle-même séchapper.

Tu devais faire la lessive, dit Bruce en fonçant vers elle tandis que ses pas secouaient la caravane sur sa base. Je ne peux pas mettre ton cul répugnant sur le trottoir pour gagner quelque chose. Tu es allergique aux putains de produits chimiques pour fabriquer mon produit. Tu sers à quoi si tu ne peux même pas faire le putain de ménage, salope ?

Il la poussa, mais il ny avait pas vraiment de place où elle puisse aller dans lespace confiné. Son dos cogna la cuisinière, et elle glissa le long de sa surface. Le pantalon séchappa de sous sa robe.

Cest quoi, ce bordel ?

Il lui arracha le pantalon avant quelle puisse à nouveau le cacher. Le dos de la main de Bruce entra en contact avec le côté du visage de Poppy avant quelle ne puisse lui faire des excuses ou sécarter de son chemin.

Putain de connasse bonne à rien. Ce pantalon, cest une vraie imitation de Gucci. Je lai payé cinquante balles.

Deux ou trois mois auparavant, elle avait brûlé le steak quil avait volé dans la cuisine dun restaurant. Il y en avait eu pour vingt-cinq dollars de viande. Il lavait frappée une fois pour ça. Cinquante balles, cétait une fortune. Poppy leva les bras, attendant le second coup.

Couvre-toi, aboya Bruce.

Il tira sur sa robe pour la faire descendre, mais le tissu usé ne sétendait pas assez pour couvrir la laideur de ses jambes. Il se détourna delle. Les taches sur ses membres étaient une des raisons pour lesquelles il ne la regardait pas quand il la sautait au milieu de la journée.

Tu sais ce que je devrais faire ? dit-il, toujours accroupi au-dessus delle. Je devrais balancer ton cul derrière un glory hole. Personne naurait à regarder ce cul répugnant, alors.

Son haleine était chargée des relents de la chatte dune autre femme. Ses ongles étaient noirs de la crasse de son boulot de nuit comme proxénète local du parc de caravanes. Les veines de ses biceps étaient pleines de cicatrices dues à labus de son produit.

Poppy releva les genoux pour couvrir les taches sensibles de ses jambes. La décoloration faisait ressembler sa peau nue à celle dune lépreuse. Cest comme ça quon lavait appelée à lécole primaire, quand les taches avaient commencé à apparaître. Les docteurs avaient tous dit quelle navait pas cette maladie. Ils étaient incapables dexpliquer ce qui nallait pas chez elle.

Sa mère avait eu les mêmes problèmes de peau. Ça ne lavait pas empêchée de faire le trottoir. Cétait lun des rares boulots disponibles ici, dans ce trou paumé de Knudsen. Cétait soit travailler à genoux pour faire le ménage, soit travailler sur le dos pour faire des passes.

Kellyanne avait été déterminée à ce que sa petite fille ne travaille jamais sur le dos. Mais Poppy avait fini par avoir le pire des deux mondes. Elle commençait ses journées à genoux, en nettoyant la porcherie de Bruce et en faisant la lessive pour ses michetonneuses qui faisaient le trottoir. Puis elle se couchait sur le côté, la nuit, en espérant quil ne rentrerait pas à la maison pour la mettre sur le dos.

Sa vie nétait pas si mal. Dautres filles vivaient bien pire. Elle pouvait passer ses journées seules tandis que les autres femmes se rassemblaient aux abords du terrain de camping pour attendre les passants. Elle avait récupéré la TV qui recevait les chaînes publiques, y compris les émissions de voyage comme Globe Trekker où elle pouvait voir le monde. Et il y avait même une chaîne qui diffusait de vieilles séries comme K-2000, LIncroyable Hulk et La Belle et la Bête, mais en espagnol.

Non, sa vie nétait pas mal du tout. Oui, elle se faisait frapper de temps en temps. Parfois même, elle le méritait. Comme maintenant. Elle navait pas fait attention et avait ruiné le meilleur pantalon de Bruce.

Je crois que je peux arranger ça, dit-elle à travers la douleur cinglante de sa mâchoire. Il me faut juste un peu de vinaigre. Laisse-moi essayer.

Il lui jeta un regard noir pendant encore une minute entière avant de se reculer. Il ne lui tendit pas la main. Elle se remit précipitamment sur ses pieds, sassurant de garder ses taches dissimulées à sa vue pour ne pas le mettre plus en colère.

Poppy fouilla les placards à la recherche de vinaigre. Elle trouva la bouteille juste au moment où la lessive suivante se terminait avec un petit ding. Elle soccupa dabord du pantalon de Bruce, tamponnant lacide sur la marque de brûlure. Dieu merci, elle avait lair de partir. Elle ne recevrait peut-être pas cette deuxième gifle, après tout. La journée sannonçait déjà meilleure.

Elle étendit le pantalon sur le côté pour le laisser sécher et partit soccuper de la lessive. Poppy sortit de la machine un mélange de strings et de mini-jupes qui auraient pu faire office de bandanas. Sa main simmobilisa sur une pièce de sous-vêtement.

La culotte nétait pas une taille dame. Létiquette indiquait la taille par âges. Cétait celle dune enfant. Âge : de six à douze ans. Le coton blanc était décoré de nounours qui se faisaient un câlin. Sur lentrejambe, il y avait des traces de sang décolorées.

La bretelle de la robe de Poppy tomba de son épaule quand elle se redressa. Elle ne remit pas la bretelle en place pour couvrir les taches de ses bras. Plus que tout, elle avait envie darracher sa robe. Le fin coton ressemblait soudain à du papier de verre sur sa peau sensible et couverte de maladie.

Quest-ce que tu fous ? Il faut que je me casse. Tes aussi stupide que tes moche ?

Elle nétait pas sûre de la manière dont le couteau de boucher avait atterri dans sa paume. Quand la main de Bruce sabattit sur son épaule, elle se retourna et lui porta un coup avec le couteau.

Les yeux de Bruce sécarquillèrent sous le choc. Sa main vint couvrir sa joue. Du sang dégoulina entre ses doigts.

Tu as dit que tu ne toucherais jamais une enfant, dit Poppy dune petite voix qui luttait pour sortir de sa gorge.

Elle tenait le couteau dans une main et la culotte denfant dans lautre.

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