Sawyer Bennett - Hors Jeu стр 4.

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Il y avait de leau chaude, Danny ?

Jouvre la porte de la salle de bain et jentends Paula remuer des casseroles dans la cuisine. Je crois quelle fait des ramens pour dîner.

Nan. Toujours glacé, je lui réponds.

Putain. Ce connard de bon à rien. Merde.

Surveille ton langage ! Mes oreilles saignent à cause de tes grossièretés. Et tu me dois trois cigarettes.

Jentends Paula parcourir le couloir dun pas lourd. Elle passe la tête par la porte et me tend les cigarettes en me jetant un regard noir. Je les jette rapidement dans les toilettes.

Tes vraiment une garce, Danny.

Je réponds en lui envoyant un baiser.

Je taime aussi.

Et jaime vraiment Paula. Elle est comme une meilleure amie et une mère, tout en un. Nous vivons ensemble depuis presque deux ans et elle a quinze ans de plus que moi. Nous nous sommes rencontrées en travaillant toutes les deux au Sallys, mais depuis lors, elle est passée à quelque chose de mieux Elle travaille dans un magasin de disques vintage.

Paula est une pro des jurons. Depuis notre première rencontre, jessaie sans succès de lamener à diminuer un peu. Ce nest pas que je ne jure jamais, cest juste que Paula ne débite que des gros mots. Alors jai parié avec elle quelle ne pourrait pas arrêter les jurons, ce à quoi elle a répondu Fastoche. Nous avons convenu que si elle disait un juron, elle me donnerait une de ses précieuses cigarettes que je détruis avec plaisir juste devant elle. Jimagine que je laurai sevrée de la nicotine dans peu de temps.

Sortant de la salle de bain, elle me suit dans ma chambre. Je laisse tomber ma serviette sur le sol et commence à mhabiller.

Donc, tu as le service de nuit au Sallys ? demande-t-elle.

Oui. Je finis à sept heures du mat.

Je mhabille pendant quelle sappuie contre le chambranle de la porte.

Meuf, tas des horaires de dingue. Pourquoi tu nabandonnes pas ce pu

Je la regarde en relevant un sourcil bien haut, la défiant de continuer.

Je veux dire, cette saleté de job ?

Brave fille, je la complimente. Et je trouverais du boulot où ? Jai vingt-et-un ans, je suis en troisième année de fac, sans expérience professionnelle à part au Sallys Diner. Et puis les pourboires ne sont pas trop mauvais.

Je repense à ce beau mec qui ma laissé un pourboire de cinquante dollars, lautre nuit. Cétait clairement un étudiant probablement de Northeastern comme moi. Et il avait clairement de largent sil distribuait des pourboires à cinquante dollars. Je rigole en repensant à ce groupe. Javais su, à la minute où cette brune snobinarde avait posé les yeux sur moi, quelle allait essayer sa meilleure technique dhumiliation. Heureusement, elle avait choisi un sujet dont elle ne connaissait visiblement rien et pour lequel javais bien réussi.

Le meilleur, cest quand je métais éloignée, et que le type sexy qui jouait à Angry Birds mavait appelée par mon prénom. Quand je métais retournée, javais presque sursauté devant la façon dont il me regardait. Cétait charnel comme sil avait eu envie de me dévorer. Rien que dy penser me fait rougir. Je lavais étudié du coin de lœil plusieurs fois pendant quils mangeaient, et il avait toujours lair de mobserver. Javais bien pensé flirter un peu, mais franchement, à quoi ça aurait servi ? Ça naurait jamais été plus que du flirt, parce quon venait de quartiers trop différents. Une fois, javais essayé de sortir avec quelquun qui sortait tout droit des pages de Lifestyles des Riches et Célèbres et ça avait été un désastre. Et puis, je nai pas de temps ou dénergie à perdre avec des garçons, en ce moment. Mais peut-être un jour.

Après que ce groupe bruyant soit parti, javais été jusquà leur table et javais commencé à la débarrasser. Javais remarqué quils navaient laissé aucun pourboire, ce qui est assez typique des étudiants soûls. Jimaginais que la seule récompense que jaurais eu à cette table, ce serait la satisfaction davoir fait ravaler à cette étudiante arrogante ses paroles condescendantes envers moi. Jen rigole encore, rien quen y repensant.

Quand jai eu fini de ramasser la dernière assiette et que je repartais en cuisine, la porte sétait ouverte et le type canon était rentré. Je ne lavais pas quitté des yeux lorsquil était venu vers moi et nous nous étions contentés de nous dévisager.

En glissant sa main dans la poche de mon tablier, il avait dit :

Voilà ton pourboire. Javais oublié de le laisser.

Son geste était calculé pour envahir mon espace personnel et était incroyablement sexy à la fois.

Merci, javais dit doucement.

Il mavait dévisagée pendant quelques secondes, puis il avait dit :

Eh bien, merci davoir été bonne joueuse, ce soir. Tu tes certainement bien débrouillée pour remettre Angeline à sa place, et je suis désolé pour ce quelle a dit.

Javais incliné la tête vers lui.

Pourquoi es-tu désolé ? Tu ne devrais pas avoir à texcuser à sa place.

Il mavait fait une ombre de sourire et avait répondu :

Non, je suppose que non.

Nous avions passé encore quelques secondes à nous dévisager et javais cru quil allait dire autre chose. Mais il sétait simplement retourné pour partir, ajoutant par-dessus son épaule :

Passe une bonne nuit.

Il était déjà à la porte quand javais répondu.

Toi aussi.

Ce nest quà la fin de mon service, en comptant mes pourboires, que javais réalisé quil mavait laissé cinquante dollars. Ça pourrait nous acheter un sacré paquet de ramens, à Paula et à moi.

Je suis sûre que je pourrais te faire embaucher au magasin de disques.

Hein ? Paula ramène mon attention sur elle, loin des hommes sexy qui me laissent de gros pourboires. Je souris en la regardant.

Pas si je dois mhabiller comme ça, je lui dis malicieusement.

Paula commence sa crise de la quarantaine. Ses cheveux noirs de jais sont à présent parcourus de mèches teintes en rouge. Elle a coupé sa frange très courte et très sévère sur son front. Elle est habillée gothique, ce soir, et elle est superbe avec une courte jupe écossaise rouge foncé et noir, et un top noir découvrant une épaule. Des collants à têtes de mort et des bottines de larmée complètent son look.

Meuf, ste plaît. Toi aussi, tu déchires avec ton look bizarre, tes cheveux et ta quincaillerie sur le visage. Qui se ressemble...

Je ris en mettant mes boucles doreille et secoue la tête. Je fais un geste vers mon visage, puis rejette mes cheveux mauves en arrière.

An-han. Mon look est une œuvre dart, je dis narquoisement en la regardant de haut en bas avec mon plus bel air dégoûté. Toi, par contre, tu es un fashion faux-pas.

Garce.

Trainée.

Pétasse.

Martyr.

Charlotte aux Fraises.

Nous éclatons toutes les deux de rire. Nous jouons souvent pour savoir laquelle est la meilleure au jeu des insultes et qui sera la première à faire rire lautre. Nous sommes à égalité, cette fois.

Masseyant sur le bord de mon lit, jenfile mes baskets.

Paula vient me rejoindre et sassied à côté de moi.

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