Kotaro prit le papier :
De la part de la police, hein ? Ça doit être vraiment important pour vous faire courir le marathon tous les deux.
Toki hocha la tête avant de tomber sur le côté pour se reposer. Hoto tomba simplement à genoux et posa la tête sur l'herbe.
Vous deux, vous êtes les plus grosses mauviettes que j'ai jamais vues, râla Kotaro avec bonhomie.
Ça fait mal aux côtes, gémit Toki.
Il faut que je rentre ... dans ... un bureau climatisé.
Kotaro soupira de résignation et les laissa cuire sous le chaud soleil avant d'ouvrir le billet. Sa main se ferma, froissant le papier qu'il venait de recevoir du poste de police non loin du campus. Une autre fille avait disparu sans laisser de trace. Il avait passé beaucoup de temps à enquêter sur les disparitions de nombreuses jeunes filles, ce qui l'avait finalement conduit à l'université où il était désormais chef de la sécurité.
Ses pensées se tournèrent instantanément vers sa bien-aimée Kyoko. Il l'avait retrouvée et comme il l'avait prévu Toya n'était pas loin. Une chose qui l'avait surpris était le fait que Toya soit né de nouveau normal humain, du moins c'est ce qu'il semblait. Parfois, il pouvait sentir le vrai Toya gisant juste sous la surface inconscient de sa propre existence, mais jusqu'à présent cette partie de lui était restée endormie.
Dieu merci pour les petites faveurs. Kotaro passa une main agitée dans ses cheveux au vent.
Cela lui convenait bien qu'aucun d'eux ne se souvienne du passé c'était un souvenir qu'il valait mieux oublier. Il souhaitait avoir le même privilège d'oublier mais pour lui, le souvenir restait le réveillant souvent la nuit dans une sueur froide.
En quittant le parc, il se retrouva debout sur la promenade en pierre devant le campus. Kotaro leva ses yeux bleu glacial dans la direction où Kyoko vivait. Il fronça les sourcils tandis que l'inquiétude se gravait dans ses traits et il avait soudain l'envie de vérifier comment allait « sa femme ».
La partie longue de sa chevelure noire aux mèches effilées était tirée en arrière par un élastique placé bas. Le reste de ses cheveux, de la frange à la couronne, avait constamment l'air d'avoir été naturellement balayés par le vent; lui donnant l'apparence d'un mauvais garçon punk mais cela lui convenait très bien. Cette apparence lui avait servi plus d'une fois ces dernières années.
Son corps était grand avec des muscles minces mais les regards pouvaient être trompeurs. Il n'avait pas une once de graisse à perdre et était plus fort que cinquante humains mâles réunis. Les seules personnes qui connaissaient sa force inhumaine étaient celles qui choisissaient de lui donner du fil à retordre ou osaient se mettre sur son chemin. Et ces quelques-uns avaient trop peur de dire un mot. Personne sur le campus ne connaissait le côté secret de Kotaro et il voulait qu'il en soit ainsi.
Kotaro était responsable de la sécurité de chaque personne qui marchait sur le campus, que ce soit un visiteur, un étudiant ou un membre du corps professoral. Les jeunes femmes avaient commencé à disparaître de cette zone il y avait environ un mois à un rythme alarmant et principalement à partir de la grille entourant les terrains de l'université.
Un grognement sourd se forma profondément dans sa poitrine alors qu'il inhalait les parfums autour de lui. L'air était soudain teinté d'une odeur ancienne diabolique. Il se rapprochait de celui qui était responsable de bien plus que les filles disparues il le sentait. Repoussant ces pensées pour l'instant, il commença à marcher rapidement vers les appartements environnants qui abritaient de nombreux étudiants innocents.
Il irait voir Kyoko et si elle le permettait... Ses yeux s'assombrirent de manière séduisante il ne la quitterait pas pour le reste de la journée ou de la nuit. Il espérait seulement que Toya ne traînerait plus avec elle aujourd'hui. Il la voulait pour lui tout seul. Après tout, elle était vraiment sa femme et il faudrait que ce «garçon» s'occupe d'avoir sa propre vie.
Ses pas ralentirent un moment alors que l'ironie de la situation le frappait il était heureux que Toya ait au moins maintenant une vie. Un sourire presque amusé apparut alors qu'il menaçait mentalement cette vie s'il n'arrêtait pas de harceler Kyoko tout le temps.
La simple pensée d'elle assise à côté de lui sur son canapé confortable, mangeant du pop-corn et regardant un film ringard ressemblait à la soirée parfaite. Ils partageaient ce type d'instants au moins une fois par semaine et pour lui c'était sa partie préférée de la semaine. Il avait ses moments ininterrompus avec la beauté aux cheveux auburn. Peu importait qu'ils soient en train de regarder un film ou qu'ils soient simplement assis sur son canapé à parler il adorait juste la sensation d'elle blottie à côté de lui.
Kotaro eut un sourire narquois satisfait en se demandant ce que ce serait de toujours être à ses côtés jour et nuit.
Son sourire s'évanouit avec sa prochaine pensée Kyoko ne l'avait pas encore choisi plutôt que Toya. Du moins, pas dans cette vie. Certaines choses ne changent jamais. Il leva les yeux vers le ciel comme pour envoyer un sarcastique et silencieux
merci pour toute l'aide dans ce domaine. à celui qui écoutait. Quelque chose lui disait que les dieux devaient avoir le plus dérangeant des sens de l'humour.
*****
Les examens étaient enfin terminés et Kyoko avait chanté ces mots tout l'après-midi. Elle avait été bonne fille et avait étudié jusqu'à ce n'en plus pouvoir, mais tout avait payé. Elle savait juste qu'elle avait réussi ces tests diaboliques. Cette seule pensée lui avait donné envie de faire la danse de la victoire jusqu'à son appartement aujourd'hui.
En fait, la première chose qu'elle avait faite dès qu'elle avait franchi la porte était de jeter ses livres à travers le salon comme s'ils étaient vecteurs de maladies et avait finalement succombé à l'envie ... d'effectuer une «danse de la victoire» impromptue juste dans l'embrasure de la porte, apparemment, elle avait encore un peu de geek en elle après tout. Cela avait été immédiatement suivi par sa propre interprétation d'une danse de buteur qu'elle avait vu Toya faire une fois, en secouant les fesses tout le long du couloir jusqu'à sa salle de bain afin de se faire couler un bain moussant chaud. Kyoko décida alors que pour faire cela, il fallait le faire bien et alla allumer sa chaîne stéréo et attraper quelques bougies.
Elle faisait encore de mignons gloussements de joie au moment où la baignoire achevait de se remplir et elle ne perdit pas de temps avec ses vêtements en les enlevant et en les jetant où bon lui semblait.
Je trouverai très probablement mes sous-vêtements suspendus au ventilateur de plafond quand j'aurai fini. pensa-t-elle, puis, haussant les épaules, elle entra dans l'eau.
Elle se glissa plus loin dans le bain pour laisser les bulles flottant à la surface caresser son cou et ses épaules. Ses yeux vert émeraude, qui étaient parfois connus pour devenir orageux à tout moment, brillaient de contentement.
Ses vagues de cheveux auburn étaient empilées au hasard sur le dessus de sa tête et sa peau douce et soyeuse était maintenant cachée sous les bulles. C'était une fille heureuse et tout ce qu'elle voulait vraiment, c'était se détendre pour le reste de la journée. Un peu de musique douce en fond sonore, des bougies délicatement parfumées allumées dans toute la salle de bain et c'était le cadre parfait.Elle ferma les yeux sachant que son image allait bientôt devenir nette comme si elle l'attendait. C'était son secret.