Terry Salvini - Masques De Cristal стр 4.

Шрифт
Фон

Elle se souvenait très peu des heures de passion passées avec cet amant improvisé dune nuit, mais elle commençait à se rappeler ce qui était arrivé avant de monter dans la chambre avec cet homme.

Assise à table dans un grand restaurant avec dautres invités au mariage, Loreley grignotait un morceau du gâteau nuptial quand lui, une coupe de champagne dans une main et une chaise dans lautre, sétait installé à côté de son ami Steve, face à elle.

«Toutes les personnes à cette table ont trouvé leur moitié: même Hans et Ester y sont arrivés. Il ne reste que moi, avait-il dit en accompagnant cette dernière phrase dune gorgée de champagne, comme pour se féliciter lui-même.

Je te conseille de rester célibataire encore un bon moment! fut la réponse moqueuse de Steve.

Je me le conseille moi aussi, tu sais? Chaque jour, pour ne pas loublier. Aucune liaison sentimentale pour les prochaines années: j'en ai eu assez!»

Loreley avait ressenti un léger malaise et baissé les yeux sur son assiette, sentant que cet homme souffrait encore à cause dEster, qui semblait au contraire une épouse très heureuse de son choix. Il navait laissé transparaître aucun émoi de toute la journée, mais le champagne l'avait sans doute poussé à baisser la garde.

«Tu nes pas vraiment le seul célibataire à cette table Ou alors je ne compte pas? lavait corrigé Lucy, une jeune femme blonde aux courbes généreuses. Mais contrairement à toi, je continue ma route, malgré tout Elle avait insisté sur les deux derniers mots, comme pour faire comprendre à quoi, ou plutôt à qui, elle voulait faire allusion avec ce malgré tout.

J'imagine, je nai jamais eu aucun doute à ce sujet!» lui avait répondu lhomme ironique.

Une grimace de déception était apparue sur le visage de la jeune femme: «Cest toujours mieux que de pleurer sur son sort!»

Loreley avait difficilement retenu un rire. Cette Lucy samusait à le titiller chaque fois quelle en avait loccasion et il répliquait du mieux quil pouvait, eut égard au fait quil nétait habituellement pas du genre à se montrer irrévérencieux avec les femmes. Cest pour cette raison que la jeune femme transformait tous leurs échanges en querelles. Cétait devenu un rituel désormais, le seul moyen de communication entre eux, au point que sils avaient changé cette coutume, Loreley en aurait été stupéfaite et peut-être un peu déçue aussi.

Quand il avait vu Lucy séloigner de la table pour aller danser, lattention de lhomme sétait reportée sur elle, qui lui avait ensuite tenu compagnie avec quelques after dinner, oubliant de ne pas mélanger analgésiques et alcool.

Durant ces derniers jours frénétiques passés à aider Ester pour les préparatifs du mariage et à discuter du cas Desmond avec son chef, sa douleur à la nuque ne lui avait laissé aucun répit. La cerise sur le gâteau était arrivée deux jours avant les noces: son compagnon l'avait appelée de Los Angeles pour linformer, comme si cétait sans importance, quil ne pourrait pas laccompagner au mariage. La dispute que cela avait provoqué avait accentué la migraine, lobligeant à recourir souvent aux médicaments.

Il restait un gouffre obscur dans son esprit, entre le moment où les mariés avaient quitté le restaurant, suivis par les joyeux souhaits de bonheur, et celui où elle sétait réveillée en pleine nuit dans une chambre dans les étages supérieurs de lhôtel. Un trou fait de flashs où elle se voyait nue et accrochée à un homme à la peau bronzée qui, du poids de son corps, lécrasait sur le lit en la caressant et en lembrassant.

Ensuite, le noir absolu.

Lui de nouveau, qui en roulant sur lui-même la porte sur lui, à califourchon. Elle se remémorait ses yeux félins qui présageaient la passion, et ses lèvres au sourire espiègle qui linvitaient à se laisser aller à tout désir inexprimé.

Le noir total encore, suivi dun réveil confus Et de linavouable réalité.

2

Que se passerait-il quand John serait rentré à la maison? Était-il vraiment indispensable de lui avouer quelque chose dont elle ne savait même pas comment cétait arrivé? La sincérité à tout prix était-elle essentielle pour maintenir la vie en commun de la meilleure des façons possibles?

Questions qui revinrent la tourmenter alors quelle conduisait dans le trafic de Manhattan. Questions qui instillaient des doutes quelle navait jamais eus avant, altérant ses quelques certitudes. Elle navait que vingt-huit ans après tout, et trop peu dexpérience des relations de couple pour être sûre davoir les bonnes réponses.

Le son de son portable attira son attention. Elle appuya sur une touche sur le tableau de bord et activa le haut-parleur.

«Salut Loreley, comment tu vas?

Davide! dit-elle dun ton réjoui. Quel plaisir. Ça fait un moment que tu ne donnes plus de tes nouvelles.

Oui, cest vrai, mais tu aurais pu mappeler aussi.

Jai été très occupée, tu sais. Et le mariage de Hans ma ôté toute énergie. Et aussi lenvie de me marier, si John me le demande un jour.

Elle entendit un rire bref à lautre bout du fil.

Toujours cette même vieille histoire du renard qui narrive pas à atteindre les raisins

Ne te moque pas de moi! Tu as quelque chose à me raconter plutôt?

Oui Il y a quelque chose

Ne fais pas traîner en longueur!

Cest une chose sérieuse et je préfère ten parler en personne, si ça ne te dérange pas

Daccord, j'aimerais aussi qu'on passe du temps ensemble.

Si tu es libre, on peut se voir demain après-midi, chez toi.

On dit trois heures?

À trois heures.»

Loreley termina la conversation en se souvenant avec nostalgie du visage délicat et souriant de Davide. Les journées passées avec lui lui manquaient, surtout à lépoque de luniversité, ainsi que les beaux moments insouciants quil lui avait offerts.

Tout passe et comme souvent, les plus belles choses sont celles qui durent le moins.

Elle écrasa la pédale de frein et jura en serrant le volant de ses mains: la voiture devant elle avait ralenti dun coup et elle avait évité la collision dun cheveu.

Quelle imbécile je fais! Habituellement, elle respectait la distance de sécurité. Elle resta immobile un instant, respira profondément et repartit dès quelle entendit les klaxons des voitures derrière elle.

Toujours tous pressés! Elle regrettait parfois sa bien-aimée Zurich, son ordre et son calme. Si différente de la palpitante et frénétique New York.

Une légère pluie commença à tambouriner sur le pare-brise. Elle soupira: elle avait oublié de prendre son parapluie. Elle savait pourtant bien que le temps était imprévisible en octobre.

***

Laprès-midi suivant, vêtue dune simple paire de jeans et dune chemise des mêmes tissu et couleur, Loreley sortit de la maison. Son ami Davide lattendait devant la porte.

Dès quelle fut proche de lui, elle lui jeta les bras autour du cou et ne le laissa pas séloigner durant plusieurs secondes.

«Quel enthousiasme! sexclama-t-il en l'enlaçant à son tour.

On ne sest jamais perdus de vue pendant aussi longtemps, se défendit-elle en sécartant. Où voudrais-tu aller?

Il fait ensoleillé aujourdhui, on pourrait se promener un peu.

Daccord!»

Loreley ajusta son sac à bandoulière sur son épaule et le prit par la main, mais elle sarrêta au bout de quelques pas.

Ваша оценка очень важна

0
Шрифт
Фон

Помогите Вашим друзьям узнать о библиотеке

Скачать книгу

Если нет возможности читать онлайн, скачайте книгу файлом для электронной книжки и читайте офлайн.

fb2.zip txt txt.zip rtf.zip a4.pdf a6.pdf mobi.prc epub ios.epub fb3

Похожие книги

Популярные книги автора