Terry Salvini - Masques De Cristal стр 18.

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Chaque chose était parfaite et à sa place habituelle.

Mais elle commençait à ressentir un vague malaise, un sentiment de non-appartenance. Elle avait loué ce loft avec John et, sans lui pour le remplir de sa présence, elle ne le considérait plus comme le sien. Ils se partageaient la moitié des charges, mais elle devrait maintenant tout payer et elle n'était pas certaine de pouvoir se le permettre sans entamer le fonds fiduciaire que son père lui avait donné quand elle avait quitté la maison quelques années plus tôt.

Elle s'était promise de ne pas prendre un seul dollar de ce compte: elle voulait s'en sortir seule. Mais pour en être sûre, elle devait quitter cet appartement et en prendre un plus petit, dans une zone moins coûteuse. Avant de s'adresser à une agence cependant, elle devait s'assurer du tour qu'avait pris sa relation avec John: elle voulait lui laisser le temps de réfléchir et de revenir en arrière, pour ne pas regretter un jour de ne pas avoir essayé; et pour donner à son enfant ce qui lui revenait de droit: une famille et l'amour de ses deux parents.

Un gargouillement lui suggéra de manger quelque chose, mais son état émotionnel ne lui donnait pas envie de cuisiner. Mira aurait pu lui préparer quelque chose de bon, si elle avait été à la maison. Elle lui avait donné un autre jour de congé pour pouvoir prendre le temps de réfléchir à ce qu'il fallait faire, car elle ne savait pas ce qu'elle trouverait à son retour à la maison.

Cela la désolerait énormément si elle était un jour obligée de lui dire qu'elle devait se trouver un autre emploi. Elle s'était attachée à cette femme si travailleuse, aux mille ressources; elle lui faisait confiance et la renvoyer serait une grande perte. Mira aussi semblait s'être liée à elle: elle lui disait souvent qu'elle n'avait jamais été aussi bien traitée que dans cette maison et qu'elle ne voudrait jamais la quitter. Pauvre Mira!

Elle toucha son ventre. Rit d'un rire aigu, décalé, nerveux, jusqu'à ce que ce rire se transforme en pleurs, qui libérèrent la tension de ces derniers jours, la jetant dans un étourdissement mental.

Le bip aigu de son téléphone lui rappela qu'elle devait le charger. Elle se leva avec des mouvements lents, le prit et le brancha sur la prise de courant; puis tenta de s'endormir, en vain.

Elle décida alors d'appeler Hans; elle avait besoin d'entendre une voix familière. Cela lui arrivait chaque fois qu'elle avait le moral en berne, à la différence de John, qui se refermait comme une huître.

John Toujours lui dans sa tête!

Elle composa le numéro avec des gestes nerveux.

«Loreley, comment tu vas? Tu t'es amusée à Paris? lui demanda son frère.

Bien sûr que je me suis amusée Elle dérapa sur la dernière syllabe et s'éclaircit la voix.

Tu es sûre que tout va bien?

Je viens de me réveiller et je me sens encore un peu dans les vapes. Comment vous allez Ester et toi?

Bien. Je suis encore au bureau et elle est chez maman.

À propos d'Ester: tu sais, j'ai rencontré une personne à Paris.» Elle hésita: était-ce important de lui dire? Peut-être pas, mais pourquoi ne pas le faire? «Tu vois, cette personne que j'ai rencontrée, je l'ai pris pour Jack au premier coup d'oeil, le frère d'Ester.

Le silence se fit à l'autre bout de la ligne.

Hans, tu es là?

Je t'ai entendue.

Excuse-moi, fais comme si je ne t'avais rien dit.

Oublie les excuses et dis-moi plutôt: qui est ce type?

Je l'ai rencontré quand j'ai fini à l'hôpital et Elle s'arrêta. Merde! Elle ne voulait pas lui parler de la chute.

Mais qu'est-ce que tu racontes? Qu'est-ce qu'il s'est passé?

Rien de grave. Je vais bien, vraiment! Elle déplaça une mèche de cheveux derrière son oreille pour mieux entendre.

Dis-moi la vérité! insista Hans d'une voix brusque.

Quand il prenait ce ton, cela signifiait qu'il ne lâcherait rien tant qu'il n'aurait pas reçu de réponse convaincante.

J'ai trébuché dans les escaliers de l'hôtel, à Paris, mais je ne me suis pas fait trop mal heureusement: juste un genou gonflé et quelques points à la tête.

Je fais un saut chez toi.

Pas maintenant. Je dois encore récupérer du voyage. Il ne manquerait plus qu'il vienne chez elle: il constaterait l'absence de Johnny.

Je viendrai plus tard, tu auras tout le temps de te reposer comme ça.

J'ai besoin de rester un peu au calme. N'insiste pas! Et je te préviens: si tu viens quand même, je ne t'ouvre pas.

Quelques secondes de silence s'écoulèrent.

D'accord, mais on se voit pendant la semaine, compris?

C'est moi qui viendrai te voir dans ce cas, je suis souvent dans le coin de toute façon. Je verrai aussi Ester comme ça.

Ça lui fera sûrement plaisir. Parle-moi de cet homme maintenant: tu as dit l'avoir rencontré à l'hôpital. Un médecin?

C'est celui qui m'a recousue. Et je répète: ce type est le portrait craché de Jack avec la barbe; mais quand je l'ai entendu parler, je me suis dit que ça ne pouvait pas être lui: son anglais n'est pas parfait comme celui de l'autre, et la cadence est française. En plus, le personnel s'adressait à lui comme au docteur Jacques Legrand. Il est donc clair que ça ne peut pas être ton beau-frère. Il me regardait comme une inconnue.

Les hasards de la vie sont vraiment étranges

Loreley eut l'impression de percevoir un soupçon d'inquiétude dans la voix de son frère, en plus de la perplexité.

C'est aussi ce que j'ai pensé.

S'il te plaît, ne raconte pas à Ester ce que tu viens de me dire. Il lui a fallu du temps pour accepter la disparition de la seule personne de sa famille qu'il lui restait.

Bien sûr que non! Ne t'inquiète pas.

Et John?

Il va bien, bien mieux que moi. Il est au travail en ce moment. Elle en était certaine.

Salue-le pour moi. Je dois te laisser, désolé: j'ai une réunion dans quelques minutes. Préviens maman que tu es à la maison, et essaie de te reposer.»

Encore du repos et pour recommencer à marcher correctement, il lui faudrait de la kinésithérapie! pensa-t-elle en soupirant.

«Je dois retourner au travail demain ou Kilmer va vraiment me licencier.

Essaie de tenir bon avec lui, ne te laisse pas intimider. On se voit dans la semaine.»

8

Sonny referma le piano et plaça feuille et crayon sur le couvercle de l'instrument: la nouvelle composition exigeait beaucoup de concentration, qui lui manquait ces derniers jours.

Il se leva de la banquette, sortit du studio et ouvrit la porte-fenêtre du salon pour aller au jardin: il avait besoin d'air froid pour se secouer.

Depuis qu'il avait revu Loreley à la patinoire, il pensait souvent à elle et, bien qu'il cherche à s'impliquer dans son travail, il n'arrivait pas à chasser de son esprit les images de ce visage à la beauté nordique et de cette unique fois ensemble. Cela lui était déjà arrivé de coucher avec une femme pour une seule nuit et de dormir ensuite tranquillement; il ne comprenait pas pourquoi cela devait être différent avec Loreley, pensa-t-il en entendant un piétinement.

Il vit la gouvernante, une femme d'âge moyen au visage émacié, s'approcher en secouant un vêtement gris foncé.

«Monsieur Marshall, il fait froid dehors! Mettez cette veste, lui dit-elle dès qu'elle fut assez près pour la lui tendre.

Merci, mais je me sens bien comme ça.

Vous allez tomber malade avec seulement une chemise Et à moitié ouverte en plus! Elle posa la veste sur son bras et ferma les premiers boutons de la chemise. Il l'arrêta.

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