Giovanni Mongiovì - Le Ciel De Nadira стр 3.

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Mais cela après avoir frappé son père sur la joue ! se mêla Jala, leur mère, qui, ayant entendu les tons depuis lautre pièce, ne voulait pas que la discussion entre frère et sœur ne dégénère.

Nadira ressemblait beaucoup à Jala, à lexception de ses insolites yeux bleus et de sa peau dune nuance plus claire. En plus, Nadira était bien plus grande que Jala, qui aimait dire avec orgueil que sa fille était un pal mier de femme par le fait de sa stature et de son physique longiligne.

Donc, Umar se releva et, en entendant les accusations, répondit :

Mère, tu ne peux comprendre ces questions ! Comment peut-on déter-miner si quelquun ne peut pas ou ne veut pas payer ? La punition sert à faire désister les menteurs

Nos gens ont toujours été une communauté unie, loin des intrigues, des jalousies entre races et religions différentes et même des guerres. La maison des chrétiens au fond de la rue, est la seule du Raba. Elle a toujours été traitée dignement. A ce sujet, ton père savait ce qui était juste. Cest peut-être toi qui a raison.. mais pas au Raba de Qasr Yanna ; ici, nous nous sommes toujours aidés réciproquement. Hier les gens regardaient stupéfaits la manière dont tu as traité ce garçon. Notre métier est de par lui même déjà un métier détesté il est juste que tu sois respecté, mais pas quils aient peur de toi.

Qā'id demandera des comptes à son āmil8 si les caisses sont vides. Et puis, depuis quand est-ce un crime de frapper un infidèle ? Nous leur avons permis de rester assis en présence dun frère, nous leur avons per-mis de seller le mulet, nous avons permis à leurs femmes dutiliser les bains en même temps que les nôtres alors quailleurs tout cela narrive pas. Dailleurs, ils pourraient nous demander den rendre compte.

En attendant, Nadira sétait réfugiée dans le lieux où elle allait étant enfant, sous la fronde dun gros mûrier situé dans la propriété de la mai-son. Elle ne comprenait pas pourquoi une chose si importante devait lui arriver. Elle ne se sentait pas à la hauteur, elle pensait navoir rien fait pour mériter les attentions du Qāid et une proposition de cette portée. Elle pleurait et tremblait. donc elle appuya le dos contre le tronc et, les yeux fermés, elle se rappela la raison des évènements daujourdhui. Mais ce chrétien que tu as fouetté a pris lépée quand les soldats de Jirjis Maniakis pillèrent le village, et pourtant les dhimmi sont exemptés de guerre et ne peuvent porter darmes.

Alors saches que je pense que cette réalité est erronée et ma tâche sera de rétablir lordre des choses. Quils se soumettent à lIslam eux aussi comme ont fait tant de chrétiens qui habitaient cette terre sils ne veulent pas être traités de manière différente.

Donc, maintenant Nadira répondit :

Et toutes ces choses depuis quand les penses-tu ? Depuis quand es-tu devenu le beau-frère du Qā'id ?

Et toi, fillette, depuis quand as-tu appris à répondre à ton walī9, protecteur et garant ? Depuis que le Qā'id a posé son regard sur toi et que tu lui as été promise comme future épouse ? Et si je lui racontais que tu as pris le temps de parler avec un chrétien lié au poteau.

Mon seigneur Ali aurait eu compassion de cet homme.

Bien, quil vienne me réprimander quand je le lui raconterai avant quil ne tai détaché la langue pour de telles confidences avec des étrangers.

Nadira donc sen alla déçue et fâchée, courant se réfugier dans sa chambre. Au passage de la jeune fille, les domestiques, curieux, disparurent rapidement. Ensuite, se jetant sur son lit, elle embrassa les nombreux coussins qui le recouvraient et se mit à pleurer.

Nadira, mon enfant. lappela Jala.

Elle souleva la tête, désormais avec ses volumineux cheveux bouclés découverts, et écouta.

Nadira, mon enfant, cela peut être cruel de se rendre compte que tu appartiendras à quelquun que tu ne connais pas assez ; tu nas que dix-neuf ans. cest déjà beaucoup, mais tu es encore inexpert en tout !

Pourrait-il vraiment me détacher la langue ?

Laisse tomber ton frère. Cependant quune chose soit bien claire : ja-mais au grand jamais je ne veux te voir parler avec cet homme !

Je ne lui ai pas parlé ! Cest lui qui ma demandé de leau.

Et que ta t-il dit dautre ?

Rien !

Bien, car il faut que tu saches quil sagit dun homme dangereux, de la pire espèce, Nadira. Et ton frère a raison de vouloir te punir. »

Il y a peu tu as dit le contraire

Jai dit à Umar comment son père se serait comporté à toi je dis ce que je pense. Maintenant va voir si ta belle sœur a besoin daide ; cest pour cela que tu nes pas encore la femme du Qā'id pour lassister durant sa grossesse.

Cest ainsi que passaient les heures de ce second jour dhiver de 1060 le 452 selon lhégire10 où Corrado le chrétien avait été lié et humilié comme un bête têtue

Chapitre 2

Automne 1060 ( 452 de lhégire ), Raba de Qasr Yanna


Cétait encore le début du mois doctobre, mieux encore quelques mois avant que Umar ne se venge de linsolence de son fils envers les chrétiens en le liant au poteau de la cour, et que Nadira ne dispute avec son frère.

Sous le soleil de laprès midi, Khalid, un jeune garçon de douze ans très proche de Umar, un petit pasteur à qui le collecteur dimpôts confiait ses troupeaux personnels, venait rapidement vers le village. Très vite, il arriva devant la maison de Umar, en courant si rapidement quil semblait une foulée de vent de novembre. Donc, il était tellement essoufflé quil dû sappuyer sur ses genoux et sur sa houlette, il sécria :

Umar !

De là à peu certains domestiques sortirent, vu lhoraire ils étaient occupés dans lhabitation. Une fois prévenu, le maître de maison sorti sur la porte sans dessus dessous, vu quil était évident quil était en train de dormir bercé par la tiède torpeur du début de lautomne.

Que veux-tu ? Qui hurle à cette heure-ci ? Je dormais avec mes enfants et maintenant tu nous as tous réveillés !

Umar, pardonnes-moi ! Les chèvres et il sinterrompit pour re-prendre son souffle.

Quest-il arrivé à mes chèvres ? On te les a volées ? demanda lautre inquiet.

Non, je les ai mises dans lenclos.

Et tu les as certainement laissées sans surveillance.

Jaurais voulu envoyer une chèvre fartasa11, toutefois tu naurais quand même pas compris ses bêlements.

Khalid rit ; il était évident quil était en train de narguer son patron.

Umar le pris par loreille et le poussa au sol par un coup de pieds bien visé sur les fesses.

Dis-moi quelque chose dimportant ou autrement cest toi que je mettrai dans lenclos !

Et lui, en se relevant :

Le Qā'id, Monsieur le Qā'id vient vers le Rabat et te cherche.

Ali ibn12 al-Hawwās vient chez moi ? demanda surpris Umar, en ajustant dune main ses cheveux comme si le seigneur de Gergent13 et de Qasr Yanna était déjà à ses côtés.

Il est accompagné par ses fidèles et il ma demandé de tinformer quil vient avec de bons propos.

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