Sparks secoua la tête.
Quest-ce quil y a? demanda Alexander.
Vous voyez nos ombres? demanda Sparks.
En regardant par terre, ils ne virent que très peu dombre.
Je pense quil doit être environ midi, dit Sparks. Nos montres ne sont pas à lheure.
Nos montres pas à lheure?
Je vous dis juste ce que je vois. A cinq heures de laprès-midi, le soleil devrait être là-bas. Sparks pointa vers le ciel à environ quarante-cinq degrés au-dessus de lhorizon. Et nos ombres devraient être allongées, mais le soleil est là-haut. dit-il en pointant juste au-dessus de lui. En ce moment, il est midi sur la Côte dAzur. dit-il en regardant Alexander qui le regardait de travers. Il y a cinq heures en moins entre la France et lAfghanistan.
Alexander le dévisagea un instant dun air furieux. Bon, la seule manière de régler le problème cest de trouver notre caisse darmement, den sortir ta mini-chiotte et de lenvoyer en lair pour voir où on est, nom de Dieu.
Comment on va faire pour trouver notre caisse, Mon adj? demanda Lojab. Il va falloir quon trouve quelquun qui parle anglais.
Elle sappelle Libellule, marmonna Sparks.
Hé, dit Karina, voilà dautres cavaliers qui samènent.
Ils regardèrent passer deux colonnes de soldats à cheval lourdement armés. Ces chevaux étaient plus grands que tous ceux quils avaient vus jusque là, et les hommes portaient des plastrons en fer avec les casques assortis. Leurs protections dépaules et de poignets étaient faites en cuir épais, ils portaient des boucliers ronds en travers du dos et chaque homme portait une longue épée, ainsi que des poignards et autres couteaux. Leur visage, leurs bras et leurs jambes portaient de nombreuses cicatrices de batailles. Les soldats montaient leurs chevaux avec des brides et des rênes, mais sans étriers.
La cavalerie mit près de vingt minutes à passer. Derrière eux, la piste était déserte jusquà un point loin derrière où elle disparaissait au détour dun bosquet de petits pins dAlep.
Eh bien, dit Lojab, finalement, voilà le dernier.
Alexander suivit du regard la piste. Peut-être bien.
Après le passage de quarante éléphants, de centaines de chevaux et boeufs et plus de mille personnes, la piste était réduite en poudre.
De lautre côté de la piste, un soldat à cheval arriva au galop de la tête de la colonne. La section regarda le cavalier arrêter son cheval dun dérapage puis virer pour chevaucher aux côtés dun homme qui venait juste de prendre un virage dans la piste.
Ca doit être lui qui commande, dit Lojab.
Lequel? demanda Karina.
Lhomme qui vient de tourner dans le virage.
Ca se pourrait, dit Alexander.
Cétait un homme de grande taille, et il montait un énorme destrier noir. A vingt pas derrière lui se trouvait le grand officier au manteau rouge écarlate qui était passé tout à lheure, et derrière lofficier chevauchaient quatre colonnes de cavaliers qui portaient des plastrons rutilants en bronze avec les casques assortis. Leurs capes écarlates flottaient au vent.
Lhomme sur le cheval de guerre avançait au petit trot tandis que léclaireur sadressait à lui. A aucun moment il ne donna limpression de sapercevoir de la présence du messager mais semblait écouter avec la plus grande attention ce quil avait à lui dire. Au bout dun moment, lhomme sur le cheval de guerre prononça quelques mots et envoya le messager en avant au galop.
Lorsque lofficier arriva à hauteur du Septième de Cavalerie, son cheval caracola de côté, tandis que lui et son cheval examinaient la section de ladjudant Alexander. Lofficier leur témoigna plus dintérêt que nimporte qui dautre ne lavait fait auparavant.
Hé, Mon adj, dit Karina dans son combiné, vous vous souvenez du général quatre-étoiles qui est venu le mois dernier au Camp Kandahar pour passer les troupes en revue?
Ouais, cétait le Général Nicholson je crois.
Eh bien, jai limpression que je devrais me mettre au garde-à-vous et saluer aussi ce type.
Le type à cheval était assis droit comme la justice et son casque de bronze étincelant surmonté dune crête diroquois en poils de sanglier le faisait paraître encore plus grand que ses un mètre quatre-vingt-dix. Il portait une tunique comme les autres, mais la sienne était faite dans une étoffe soyeuse de couleur rouge, et elle était cousue dune belle double rangée de surpiqûres blanches. Les franges de son pagne en cuir étaient ornées dargent, et la garde de son épée était incrustée dargent et dor, de même que le fourreau de sa falcata. Ses bottes étaient en cuir estampé et remontaient au-dessus de ses mollets.
Sa selle était recouverte dune peau de lion, et le cheval portait une lourde cuirasse sur le poitrail, ainsi quune armure de cuir sur les pattes de devant et une épaisse plaque dargent sur le front. Le cheval était fougueux, et lhomme devait maintenir la pression sur les rênes pour lempêcher de partir au galop. Une douzaine de clochettes pendaient à lencolure de son harnais et elles tintaient au passage du cheval.
Cest sûr quil a une certaine allure autoritaire.dit Alexander.
Sil y a quelquun qui devrait avoir des étriers, dit Kawalski, cest bien ce type.
Un éclaireur remonta la piste au galop et fit effectuer un virage à son cheval pour se mettre à hauteur du général. Dun mouvement vif du poignet, le général détourna son cheval de la section et écouta le rapport de léclaireur tout en séloignant avec lui dAlexander et de ses hommes. Un instant plus tard, le général donna des consignes à léclaireur et lenvoya vers lavant.
Lescadron de cavaliers aux capes rouges manifesta davantage dintérêt pour Alexander et ses troupes que les autres soldats. Cétaient de jeunes hommes, entre vingt et vingt-cinq ans, qui étaient bien habillés et montaient de beaux chevaux. Ils navaient pas de cicatrices de batailles comme les autres hommes.
Ils me font leffet dune bande de poules mouillées de sous-lieutenants. Lojab cracha par terre en les regardant.
Ils sont comme des élèves-officiers qui sortent de lécole, dit Autumn.
Derrière les élèves-officiers venait encore un autre convoi de grands chariots à quatre roues. Le premier était chargé dune dizaine de coffres lourds. Les autres contenaient des ballots de fourrures, des épées de rechange, des lances et des faisceaux de flèches, ainsi que de nombreux pots en terre cuite de la taille de petits fûts, remplis de fruits secs et de céréales. Quatre chariots étaient chargés jusquen haut de cages contenant des oies, des poulets et des pigeons qui roucoulaient. Les chariots étaient tirés par des attelages de quatre boeufs.
Les chariots et charrettes étaient montés sur roues pleines, sans rayons.
Après les chariots venaient encore dautres charrettes à deux roues, chargées de quartiers de viande et dautres victuailles. Ce groupe était composé de vingt charrettes, qui précédaient une dizaine de soldats à pied portant épées et lances.
Waouh, regarde un peu, dit Kawalski.
La dernière charrette transportait quelque chose de bien connu.
Ils ont notre coffre darmement! dit Karina.
Oui, et aussi les parachutes orange,dit Kawalski.
Alexander jeta un coup doeil au chariot. Fils de pute. Il avança sur la piste et sempara du harnais du boeuf. Tenez-le là-bas.