Federico Montuschi - Deux. Impair стр 8.

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Il portait un t-shirt en coton bleu avec une petite étoile blanche au dos, un jean foncé moulant et des bottes noires à lacets blancs.

Sur sa tête, était posée une curieuse casquette rouge de baseball.

Nelly eut beaucoup de mal à masquer sa surprise.

« Père Juan ! Quel plaisir ! Quel bon vent vous amène ? »

Elle était certaine de ne pas lavoir invité. Il ne manquerait plus que ça, inviter un prêtre à une fête étudiante à la campagne.

Qui sait comment il avait eu connaissance de la fête, et qui sait comment lui était venue lidée dy participer.

Nelly remarqua lembarras affiché sur le visage de son interlocuteur et pour faire passer ce moment de gêne, elle préféra lui expliquer immédiatement le chemin pour arriver au salon.

« Tu passes la fontaine, tu suis le sentier sur la droite, et juste après tu trouveras la fête, ok ? Jarrive dans quelques instants, il est déjà onze heures, je crois que les invités sont tous arrivés maintenant. Et jai une envie folle de me jeter sur la piste moi aussi ! »

La jeune femme lui lança un regard dénué de toute malice, recevant pour seule réponse un sourire fuyant, tout juste esquissé.

Lhomme salluma une cigarette et se lança, légèrement vouté, sur le sentier illuminé par de petites torches parfumées.

Son arrivée dans le salon principal de la fête fut pour lui comme un coup de poing dans lestomac.

Volume de la musique très élevé.

Au milieu de la salle, des jeunes avec des rastas frappant violemment sur des bidons métalliques, en totale symbiose avec le rythme de la musique diffusée par les caissons de basse à deux mille watts, qui semblait vouloir se frayer un chemin à coups de coudes dans les viscères de chacun des participants.

Les rayons de lumière émanant du stroboscope suspendu au centre du salon et le parfum de laprès-rasage mélangé à lodeur de sueur de la foule.

Des serveurs dans des tenues visiblement informelles, mais portant tous un nœud papillon blanc comme signe distinctif, qui se déplaçaient sans cesse dans la salle brandissant sur une main placée en hauteur, juste au-dessus des têtes des invités, des plateaux argentés recouverts de boissons alcoolisées et dalcools forts, qui étaient vides quelques minutes seulement après avoir été remplis.

Il décida de rester en marge de la cohue, appuyé au montant de la gigantesque baie vitrée, qui dans les méandres de sa mémoire le ramena quelques années auparavant lorsquil étudiait la conception de larchitecture organique de Wright : elle garantissait la continuité essentielle entre le grand salon et le parc adjacent.

Observant la situation à la dérobée, il remarqua des personnes sortir parfois du cercle infernal pour prendre lair dans limmense parc de la propriété, où des groupes de garçons et de filles se formaient avec une rapidité surprenante et se défaisaient avec autant de rapidité, submergés par lappel de la musique, trop intense pour rester trop longtemps dans le jardin à discuter.

Il leva les yeux au ciel et remarqua un long nuage gris qui commençait à voiler la pleine lune qui, jusquà ce moment-là, avait incontestablement dominé cette nuit tiède costaricienne.

« Faisons un petit tour », pensa-t-il, se dirigeant à pas rapides vers le grand escalier de marbre blanc qui, partant du fond du couloir, sélevait, magistral derrière la salle de bal.

Lescalier lemmena au premier étage, exactement au-dessus du salon où se déroulait la fête ; lorsque les percussionnistes redoublaient de fougue, il pouvait sentir le sol vibrer.

Il remarqua deux portes en bois massif, lune sur la droite et lautre sur la gauche, tandis quen face des escaliers, après un salon ovale, une autre grande baie vitrée, en tout point identique à celle du rez-de-chaussée, permettait de profiter d'une vue imprenable sur le jardin.

La douce moquette bleue amortissait ses pas et cela lui donna envie de retirer ses bottes, ce quil fit, poursuivant déchaussé son petit tour dexploration.

Il traversa la pièce et profita pendant dix bonnes minutes du panorama, enveloppé par lobscurité, savourant calmement une cigarette tout juste allumée et samusant de temps en temps à observer la fumée monter vers le plafond incurvé.

Le nuage décoloré aperçu quelques minutes auparavant, avait entre-temps terminé son opération de couverture de la lune.

Ce fut pendant l'un de ces moments d'observation queut lieu, de façon inattendue, la panne délectricité ; les amplis du DJ étaient dignes dun concert de U2 et linstallation électrique de lédifice nétait pas conçue pour assumer une telle charge.

Le silence inopiné le prit par surprise, mais cela ne lempêcha pas de percevoir une sorte de râle provenant de lune des pièces qui donnaient sur le salon.

Il devait sagir dune jeune femme faisant un rêve ; le son semblait guttural mais il ne comprenait pas sil sagissait d'un gémissement de plaisir ou de douleur.

Il décida de rester immobile, tendant loreille et ne pouvant sempêcher de se sentir comme un setter qui cherche fiévreusement à localiser la source des sons perçus.

Le silence lenveloppa et, accompagné par la nuit noire, il provoqua en lui une sensation dinconfort.

Il récupéra ses bottes, sapprocha de la porte en bois massif doù provenait le bruit quil avait entendu et il baissa délicatement la poignée en laiton, qui nopposa aucune résistance.

Il ouvrit la porte et se trouva dans une grande pièce, dans laquelle, sur un grand lit, deux types en caleçons semblaient sacharner sur une femme bâillonnée, nue, attachée par les mains et les chevilles à la tête et aux pieds du lit, où les vêtements des hommes avaient été entassés.

Lun des deux était penché sur le nombril de la malheureuse, tandis que lautre semblait la caresser avec vigueur sur le visage.

Il eut limpression quil sagissait, plutôt que des caresses, de tentatives pour lui faire tourner la tête et lembrasser.

Elle résistait, bien que semblant totalement à bout de forces, émettant des gémissements confus dans un état de choc évident.

La pièce était faiblement illuminée par des bougies éparpillées ça-et-là desquelles séchappait un intense parfum de vanille, qui se mélangeait à lodeur de marijuana que deux autres hommes étaient en train de fumer, affalés sur de vieux fauteuils recouverts de velours vert.

Le courant fut rétabli quelques minutes plus tard, inondant la pièce de musique, dans laquelle personne ne semblait sêtre rendu compte de son entrée.

Les deux jeunes à moitié nus continuèrent de harceler la jeune femme, entre gloussements et regards entendus, tandis que les deux autres, les yeux mi-clos, se passèrent le joint en faisant un « check » de leur main libre.

Il croisa le regard de la jeune femme et il eut limpression quelle était sur le point de pleurer, bien que son expression soit totalement vide au point dêtre difficilement intelligible.

Il ne put sempêcher dadmirer le corps nu de la femme.

Sa peau était très blanche, ses jambes musclées.

Ses longs cheveux lisses caressaient ses épaules et couvraient partiellement son visage, décoiffés par les mains des deux jeunes au-dessus delle. Il tira une dernière bouffée de cigarette, jeta le mégot par la fenêtre ouverte et sassit sur le lit, en lui caressant les jambes.

Ce fut seulement à cet instant que les deux hommes fumant de la marijuana se rendirent compte de son entrée et, presque étonnés de cette approche inattendue, commencèrent à battre le rythme avec les mains, en criant « du sexe, du sexe ! ».

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