Danilo Clementoni - Nibiru Approche стр 5.

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Et qui ça peut bien être, encore ? demanda le maigre, agacé.

Le gros, boitant de plus en plus, sapprocha de lordinateur, et, après avoir rentré un mot de passe très complexe, annonça :

Cest un message de la base.

Ils veulent sûrement connaître lissue de lopération.

Laisse-moi une seconde, je le décode.

Lécran afficha dabord une suite de caractères incompréhensibles, puis, après la saisie dune combinaison de codes successifs, le message se recomposa petit à petit.

Le général a été capturé et conduit à la base aérienne de Camp Adder. Nécessité opération immédiate de récupération.

Cest dingue, sexclama le gros. Ils sont déjà au courant.

Mais comment ont-ils su ?

Eh bien, ils doivent avoir des canaux plus directs que les nôtres. Rien ne leur échappe, à ceux-là.

Et comment on devrait faire, daprès eux ?

Quest-ce que jen sais. Le message dit juste quon doit aller le délivrer.

Dans létat où on est ? On est mal partis.

Le grand maigre tira une chaise de sous la table, la fit pivoter de quatre-vingt-dix degrés, puis, laissant échapper des gémissements de temps à autres, il sy effondra.

Manquait plus que ça.

Il posa un coude sur la surface plane et laissa flotter ses regards au-delà de la fenêtre quil avait en face de lui. Il remarqua que les vitres étaient vraiment sales, et que celle de droite était fêlée sur presque toute sa longueur.

Mais tout à coup, il leva brusquement les yeux vers son acolyte, et, après avoir ébauché un petit sourire sardonique, lui dit :

Jai une idée.

Je le savais, je connais ce regard.

Va chercher la trousse de premier secours, et montre-moi la bosse que tu as sur la tête.

En fait, cest plutôt mon poignet qui minquiète. Jai peur quil soit cassé.

Tinquiète pas, je tarrange ça. Quand jétais petit, je voulais être vétérinaire.

Après un peu plus dune heure, des doses massives danalgésiques et des pommades diverses passées en plusieurs endroits, les deux acolytes étaient presque remis à neuf.

Sétant regardé dans le miroir accroché près du mur de la porte dentrée, le maigre, satisfait, estima :

On peut sy mettre, maintenant.

Il fila dans la chambre et en ressortit peu après avec deux uniformes américains impeccablement repassés.

Mais où as-tu trouvé ça ? lui demanda le gros, stupéfait.

Ça fait partie de léquipement de secours que jai emporté. On ne peut jamais savoir.

Tu es complètement dingue, commenta le gros, en secouant légèrement la tête. Et quest-ce quon est censés faire avec ça ?

Voilà le plan, répondit le maigre, content de lui, en lançant vers son acolyte luniforme XXL. Toi, tu seras le général Richard Wright, responsable dune agence gouvernementale ultrasecrète dont personne ne connaît lexistence.

Bien sûr, puisquelle est ultrasecrète. Et toi ?

Moi, je serai ton bras droit. Colonel Oliver Morris, pour vous servir, mon Général.

Donc cest moi ton supérieur. Ça me plaît.

Mais nen prends pas lhabitude, ok ? fit le maigre, lindex levé. Et voilà nos papiers, et les badges correspondants.

Dingue. On dirait des vrais.

Et ce nest pas tout, mon vieux -il lui montra une feuille de papier à en-tête signée de la main du colonel Jack Hudson- voici la demande officielle de prise en charge du prisonnier pour son transfert dans un lieu plus « sûr ».

Mais où as-tu pris ça ?

Je viens de limprimer pendant que tu étais sous la douche. Tu crois que tu es le seul roi de linformatique ?

Je suis épaté. Elle est mieux que loriginal.

On va sintroduire dans la base militaire et on se fera remettre le général. Sils devaient nous faire des problèmes, on pourrait toujours leur dire dappeler directement le colonel Hudson. Je ne pense pas que son portable capte, dans lespace.

Ils éclatèrent tous les deux dun rire bruyant.

Environ une heure après, alors que le soleil était désormais caché derrière une haute dune, une jeep militaire, avec à son bord un colonel et un général auxquels il ne manquait pas un bouton de guêtre, sarrêta à la barrière daccès de la base aérienne dImam Ali, ou Camp Adder, comme les Américains lavaient rebaptisée pendant la guerre en Irak. Deux militaires armés jusquaux dents sortirent de la guérite blindée et se dirigèrent rapidement vers le véhicule. À couvert, deux autres soldats tenaient les passagers en joue.

Bonsoir Colonel, dit le soldat le plus proche, après avoir salué militairement. Je peux voir vos papiers et ceux du général, sil vous plaît ?

Le colonel grand et maigre, assis au volant, ne dit pas un mot. Il retira de la poche intérieure de sa veste une enveloppe jaune quil lui tendit. Le soldat prit son temps pour la lire, et pointa deux ou trois fois la torche électrique vers le visage de chacun deux. Le général sentit nettement la goutte de sueur qui, naissant sous la bosse de son front, descendait lentement sur son nez, pour tomber ensuite sur le troisième bouton de sa veste, invraisemblablement tendue par lintense poussée du gros ventre quelle couvrait.

Colonel Morris et Général White, fit le militaire, pointant à nouveau la torche sur le visage du colonel.

Wright, général Wright ! répondit le colonel maigre dun ton très irrité. Quest-ce quil y a, Sergent, vous ne savez pas lire ?

Le sergent, qui avait mal prononcé à dessein le patronyme du général, sourit légèrement et dit :

Je vous fais accompagner. Suivez ces hommes.

Dun signe, il ordonna aux deux autres soldats de les précéder en direction de la prison.

Le colonel démarra lentement la jeep. Il navait pas fait dix mètres quil entendit crier derrière lui :

Arrêtez-vous !

Le sang des deux occupants du véhicule gela dans leurs veines. Ils restèrent immobiles de très longs instants, jusquà ce que la voix reprenne :

Vous avez oublié de récupérer vos papiers.

Le corpulent général soupira si fort de soulagement que tous ses boutons de veste faillirent sauter.

Merci, Sergent, dit le maigre en tendant la main vers le soldat. Je vieillis plus vite que je ne le pensais.

Ils repartirent à nouveau et suivirent les deux soldats, qui, marchant dun bon pas, les conduisirent rapidement à lentrée dun bâtiment bas, de piètre apparence. Le plus jeune des soldats frappa à la grande porte et entra sans attendre de réponse. Peu après, un gros Noir, avec une tête de dur, se présenta sur le seuil et se mit au garde-à-vous. Il les salua militairement et dit :

Mon Général, mon Colonel. Entrez, je vous en prie.

Les deux officiers répondirent à son salut, et, essayant de faire taire les différentes douleurs qui se réveillaient petit à petit, se glissèrent dans lénorme pièce.

Sergent, dit résolument le maigre. Nous avons ici un ordre écrit du colonel Hudson qui nous autorise à prendre en charge le général Campbell.

Et il lui tendit lenveloppe jaune.

Le gros sergent louvrit et sattarda longuement à en lire le contenu. Puis, fixant le colonel de ses yeux sombres et pénétrants, il déclara gravement :

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