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EASTON
Quand mon père arriva, la maison avait retrouvé son aspect normal et personne ne me dénonça. Même pas la nouvelle venue qui ne descendit que pour manger et rencontrer mon père, Mitchell Carson.
Mon père, toujours attentif aux apparences et faussement paternaliste, resta un peu déçu par laspect simple et négligé dAlice, qui ne montra aucun intérêt à mieux le connaître ou à vouloir le satisfaire en écoutant ses conseils.
Le dîner passa rapidement grâce au mutisme général.
Face aux réponses monosyllabiques dAlice, mon père avait cessé de poser des questions.
Helena était terriblement mal à laise et il était évident que ses rapports avec sa fille étaient dégradés, tout comme les miens avec mon père.
De tout le repas, je restai fixé sur mon portable pour éviter de participer davantage.
Quelle famille heureuse, hein ?
Je me bornai à écouter Helena qui parlait dun reportage photo pour un défilé de mode, mon père qui avait clôturé une affaire de seize millions de dollars avec un seul appel intercontinental, Alice qui voulait devenir journaliste et nappréciait pas ce quelle avait dans son assiette.
Que des choses ennuyeuses auxquelles je ne prêtai pas attention.
A la fin du repas, Alice débarrassa la table et chargea le lave-vaisselle, bien que la domestique soit là, disant quà la maison elle sen était toujours occupée. De mon côté, je me préparai à sortir.
Où vas-tu ? marrêta mon père.
Boire un verre avec mes amis, je répondis expéditif.
Tu nas pas dit un mot de toute la soirée.
Parfois, le silence est dor.
Oui mais pas ce soir. Nous avons une invitée et tu ne fais rien pour la mettre à laise. Jai vu comment elle te regardait et elle na pas lair heureuse du tout.
Cest son problème.
Eh non, Easton. Nous sommes une famille maintenant et tu dois te comporter comme un frère avec elle. Et pas comme Jake. Je parle dêtre un bon exemple à suivre.
Jake est là pour ça.
Jake est à Stanford et deviendra bientôt avocat. Pourquoi tu ne suis pas les traces de ton grand frère et essaie de te ressaisir une bonne fois pour toutes ?
Tu as fini ? Mes amis mattendent, je soupirai.
Prends Alice avec toi. Je veux que tu lui présentes quelques personnes.
Même pas en rêve ! Je ne veux pas de ce boulet au pied toute la soirée.
Easton ! Quest-ce que je viens de te dire ? se fâcha mon père. Alice, chérie, ça te dit de sortir avec mon fils ?
Merci Mitchell, mais je préfère passer mon temps avec des personnes intellectuellement stimulantes, répondit-elle avec cette fausse candeur que seul quelquun de stupide naurait pas saisie.
Je vais la tuer !
Mon envie de léliminer devait clairement se voir car mon père neut pas le courage de répondre, à part un misérable :
Amuse-toi.
***
ALICE
Jeus du mal à mendormir mais je tombai finalement dans un profond sommeil.
Un choc violent me réveilla mais au moment où jouvrais les yeux, quelque chose de chaud se posa violemment sur ma bouche et écrasa ma tête sur loreiller.
En ouvrant grand les yeux, je vis un homme au-dessus de moi, le visage couvert dun passe-montagne noir.
Je voulus hurler mais aucun ne sortit. Sa main appuyait avec force sur ma bouche.
En voulant me dégager, je réalisai que mes poignets étaient attachés avec une corde.
Lintrus me fit signe de me taire.
Jacquiesçai. Mon cœur battait tellement fort que je lentendais pulser dans mes oreilles.
Il sapprocha. Son souffle était chaud et alcoolisé.
De quoi rêves-tu, petite sorcière ?
Je reconnus immédiatement la voix dEaston.
Soulagée de ne pas être victime dun pervers ou dun tueur en série (peut-être), la rage me prit et je le frappai tellement fort que je réussis à le toucher aux jambes.
Sa main se détacha de ma bouche et jen profitai pour me lever et lui donner une bonne leçon.
Même les mains liées devant moi, je le frappai à coups de poings et à coups de pieds.
Détraqué ! Maniaque ! Pervers ! Crétin ! Enfoiré ! Essaie encore et je te castre !
Je linsultai jusquà ce quil me bloque de nouveau et me jette sur le lit. Son corps me clouait au matelas.
Je dus prendre sur moi pour garder mon sang-froid.
Tu ne mas toujours pas dit de quoi tu rêvais, répéta-t-il comme si ma colère ne le concernait pas le moins du monde.
Je rêvais que tu mourais, touché par une balle. On dit que les rêves deviennent réalité Espérons !
Menteuse ! Dis que tu rêvais de coucher avec moi.
Tu es malade Et je ne veux pas attraper de maladies vénériennes. Je ne coucherai jamais avec toi, même si tu étais le dernier homme sur Terre.
Je ne te crois pas, chuchota-t-il à quelques centimètres de mon visage avant de membrasser.
Ce fut un baiser plein de rage, de vengeance, pour me soumettre et me faire comprendre de ne plus me rebeller ou de lui répondre de travers.
Je réussis tant bien que mal à me dégager.
Je lui hurlai au visage. Dégage !
Tôt ou tard tu comprendras qui commande ici.
Et toi tu comprendras que toute action entraîne une réaction.
Il éclata de rire.
Grandis un peu ! Tu es puéril. Tu caches tes incertitudes derrière des coups déclat et tu passes les bornes pour attirer lattention. Tu es pathétique !
Javais mis dans le mille car il arrêta de rire et me foudroya du regard.
Il contre-attaqua.
Parce que toi tu es mature et sûre de toi, pas vrai ? Et il tenta à nouveau de membrasser encore plus violemment.
Malheureusement, personne ne mavait jamais embrassée ainsi et je ny connaissais pas grand-chose. Je me retrouvai sans défense et incapable dy échapper mais jaurais préféré mourir plutôt que davouer mon manque dexpérience sexuelle.
Nous ne jouions pas à armes égales et je ne tenais pas à lui montrer le flanc.
Je devais absolument trouver quelque chose pour éloigner Easton de mon corps et de ma bouche.
Mon copain embrasse mieux ! jinventai, espérant le freiner et lhumilier au passage.
Tu as un copain toi ? Et il éclata de rire, incrédule.
Évidemment ! Et s'il te voyait dans ma chambre à cette heure de la nuit, il te casserait la gueule ! Il est videur dans une discothèque, ce nest pas un amateur. Il a huit ans de plus que nous et des muscles qui rendraient jaloux nimporte qui. Je lâchai tout dans un souffle en remerciant mon imagination. Je voulais être journaliste mais mon vrai rêve était décrire des romans.
Et comment sappelle cette brute ?
Jacob Kowalski, je répondis, reprenant le nom dun des personnages du film que javais regardé avant de dormir, Les Animaux Fantastiques : les Crimes de Grindelwald.
Jamais entendu.