Hélène Guerber - Contes et légendes. 1re Partie стр 6.

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"Mon père, vous désirez me voir marié. Je n'aime pas les demoiselles de la cour. Elles ne sont pas assez jolies pour me plaire. Je propose de faire un long voyage, tout autour du monde, si c'est nécessaire, et quand je trouverai une princesse, aussi blanche que la neige, aussi belle que le jour, et aussi intelligente et aimable qu'un ange, je la prendrai pour femme, sans hésiter."

Le roi était enchanté de cette décision, dit adieu à son fils, lui souhaita un bon voyage, et le prince partit tout joyeux.

Il commença son voyage gaiement, et alla tout droit devant lui. Enfin il arriva à la mer, où il trouva un beau vaisseau à l'ancre. Il s'embarqua sur ce vaisseau, et quelques minutes après des mains mystérieuses et invisibles levèrent l'ancre, et le vaisseau quitta rapidement le port. Le prince navigua ainsi pendant trois jours. Alors le vaisseau arriva à une île.

Le prince débarqua avec son cheval, et continua son voyage, malgré le froid intense et la neige et la glace qui l'entouraient de tous côtés. Le prince était surpris de se trouver déjà en hiver, mais il continua bravement son chemin. Il arriva enfin à une toute petite maison blanche. Il heurta (=frappa) à la porte, et une vieille dame, aux cheveux blancs, ouvrit la porte.

"Que cherchez-vous, jeune homme?" demanda-t-elle.

"Je cherche une femme, la plus jolie au monde; pouvez-vous me dire où la trouver?" répondit le prince.

"Non, il n'y a pas de femme pour vous dans mon royaume. Je suis l'Hiver, je n'ai pas le temps de m'occuper de mariages. Mais allez visiter ma sœur, l'Automne, elle vous trouvera peut-être la femme idéale que vous cherchez."

Le prince remercia la belle dame aux cheveux blancs, remonta à cheval, continua son chemin et remarqua bientôt que la neige et la glace avaient disparu, et que les arbres étaient tout couverts de beaux fruits. Il arriva bientôt après à une petite maison brune, et frappa à la porte. Une belle dame, aux yeux et aux cheveux noirs, ouvrit la porte, et demanda d'une voix bien douce:

"Que voulez-vous, jeune homme, et que cherchez-vous ici dans mon royaume?"

"Je cherche une femme," répondit le prince sans hésitation.

"Une femme!" répéta la belle dame avec surprise. "Je n'ai pas de femme pour vous. Je suis l'Automne, et je suis très occupée, je vous assure, car j'ai tous les fruits à cueillir. Allez faire visite à ma sœur, l'Été, elle aura peut-être le temps de s'occuper de vous et de vous trouver une jolie femme."

Le prince, ainsi congédié, continua son voyage. Il remarqua avant bien longtemps que l'herbe était haute, que le feuillage était épais, et que le blé était mûr. Il n'avait plus froid, au contraire il avait bien chaud, et il fut très content d'apercevoir une petite maison jaune, à peu de distance. Arrivé à la porte de cette petite maison, il heurta, et une jolie femme, aux cheveux bruns et aux joues rouges, ouvrit la porte en demandant:

"Que voulez-vous, jeune homme, et que cherchez-vous dans mon royaume?"

"Madame," dit le prince avec la plus grande politesse, "j'ai eu l'honneur de faire visite à vos deux sœurs, l'Hiver et l'Automne. Je leur ai demandé de me trouver une femme, la plus jolie du monde, mais elles sont trop occupées et m'ont envoyé chez vous. Pouvez-vous me procurer la femme charmante que je cherche depuis si longtemps en vain?"

"Ah, mon prince," répondit la belle dame aux cheveux bruns et aux joues rouges, "je suis aussi fort occupée, et je n'ai pas le temps de vous trouver une femme. Mais allez faire visite à ma sœur, le Printemps, elle vous aidera certainement."

Le prince la remercia et partit. Quelques minutes après il remarqua que l'herbe était d'un vert plus tendre, que tous les arbres étaient couverts de fleurs, et vit une petite maison verte, au milieu d'un jardin, où il y avait une grande quantité de belles fleurs: des tulipes, des jacinthes, des jonquilles, des violettes, des lilas, des muguets, etc., etc.

Notre héros heurta à la porte de cette petite maison, et une dame aux cheveux blonds et aux yeux bleus parut immédiatement. "Que cherchez-vous, jeune homme," demanda-t-elle?

"Je cherche une femme. Vos trois sœurs, l'Hiver, l'Automne et l'Été étaient trop affairées pour m'en procurer une, mais j'espère bien que vous aurez compassion de moi, et que vous me trouverez la personne charmante que je cherche depuis si longtemps en vain."

"Oui, mon prince, je vous aiderai," répondit la jolie jeune femme. "Entrez dans ma petite maison, asseyez-vous là, à cette petite table, et je vous donnerai à boire et à manger, car vous avez sans doute bien faim et bien soif."

Le prince accepta cette invitation, entra, s'assit à table et mangea et but avec plaisir. Quand il eut fini son repas, le Printemps lui apporta trois beaux citrons, un joli couteau d'argent et une magnifique coupe d'or, et dit:

"Prince, voici trois citrons, un couteau d'argent et une coupe d'or. Je vous donne ces objets magiques. Quand vous arriverez tout près du château de votre père, arrêtez-vous à la fontaine.

"Prenez ce couteau d'argent, coupez le premier citron, et au même instant une belle princesse paraîtra. Elle vous demandera à boire. Si vous lui donnez immédiatement à boire dans la coupe d'or, elle restera avec vous et sera votre femme; mais si vous hésitez, même un instant, elle disparaîtra, et vous ne la reverrez plus jamais.

"Si vous avez le malheur de la perdre, coupez le second citron, et une seconde princesse paraîtra, qui vous demandera aussi à boire. Si vous ne lui donnez pas immédiatement à boire, elle disparaîtra aussi.

"Alors vous couperez le troisième citron, une troisième princesse paraîtra; elle demandera à boire, et si vous lui permettez de disparaître, aussi, vous n'aurez jamais de femme, et vous n'en mériterez pas, parce que vous aurez été trop stupide."

Le prince écouta les instructions de la jolie dame avec beaucoup d'attention; il prit le couteau d'argent, la coupe d'or et les trois citrons, monta à cheval, et partit. Il passa à travers le royaume du Printemps, de l'Été, de l'Automne, de l'Hiver, arriva au bord de la mer, trouva le vaisseau, s'embarqua, et arriva au bout de trois jours, au port où il s'était embarqué. Quelques jours après il arriva à la fontaine près du château de son père.

Il descendit de cheval, prit les trois citrons et le couteau d'argent, remplit la coupe d'or d'eau pure à la fontaine, et quand ces préparatifs furent tous finis il coupa le premier citron d'une main tremblante. Au même instant une princesse, belle comme le jour, se présenta devant lui, et dit timidement: "Prince, j'ai soif, voulez-vous, s'il-vous-plaît, me donner à boire?"

Mais le prince était si occupé à l'admirer, qu'il oublia la recommandation du Printemps, et ne lui donna pas à boire. La princesse le regarda un instant d'un air de reproche, et puis elle disparut. Le prince, au désespoir, pleura et se lamenta. Il dit cent fois, au moins, qu'il était bien stupide de laisser échapper une si belle princesse, et enfin il se décida à couper le second citron.

Une seconde princesse, plus belle que la première, se présenta aussitôt, et dit: "Prince, j'ai soif, donnez-moi à boire, s'il-vous-plaît." Mais le pauvre prince était si surpris de sa beauté, qu'il resta là, la bouche ouverte, et oublia de lui donner à boire. La seconde princesse le regarda d'un air de reproche, et disparut aussi. Alors le prince pleura et se lamenta, et dit au moins deux cents fois: "Je suis stupide, très stupide," mais la princesse avait complètement disparu.

Après avoir pleuré longtemps, le prince se décida à couper le troisième citron, et une troisième princesse, plus belle que les deux autres, se présenta devant lui: "Prince," dit-elle, timidement, "j'ai soif, donnez-moi à boire, s'il-vous-plaît."

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