« Vous venez avec moi ? Ensemble, nous pouvons revenir aux lignes américaines. Je vous aiderai...
â C'est gentil, Commandant, merci.
â S'il vous plaît, appelez-moi Tess.
â Tess, prononça-t-elle comme on le ferait du nom d'un saint. Oui, je viens avec vous. Le général me tuerait s'il découvrait que je vous ai aidée. Je n'ai pas peur de mourir, je veux juste retrouver ma fille avant qu'il n'ordonne de l'abattre.
â Si on se sort d'ici, nous essaierons de la retrouver ensemble, répliqua Tess.
â Je vous en serais reconnaissante, répondit la femme. Une fois dehors, faites montre d'humilité et de modestie. Nâoubliez pas, un jour nous aurons notre vengeance d'avoir été autant ignorées et sous-estimées sous leur propre nez. Mais pour lâinstant, vous devez porter le tchador. Ils ne se douteront pas que c'est vous. Ce vêtement couvre vos cheveux et il fait assez sombre pour qu'ils ne remarquent pas vos yeux clairs, à moins de les directement dans les yeux. »
Elles ajustèrent le vêtement ensemble. Quand elle se regarda dans le miroir, elle n'en crut pas ses yeux. Pas étonnant que les femmes se sentent si opprimées ici. Le tchador ôtait complètement toute forme d'identité.
« Vous êtes prête. » Kejal fit un effort pour arrêter les larmes qui lui échappaient. « Merci à vous. J'avais cru perdre la capacité à pleurer. » Elle ne parvint pas à en dire plus. « Nous devons y aller. J'entends les gardes aller manger. »
Tess fit trois pas et saisit Kejal par les mains. « Merci, mon amie. Nous retrouverons votre fille et le monde entendra votre peine et saura votre héroïsme. »
Tess devait neutraliser le garde à l'extérieur. Impatiente d'entrer en action, le temps lui sembla long. Puis Kejal se mit à gémir à voix haute.
Le garde entra. Tess ne put comprendre ce qu'il dit mais elle était prête à parier que c'était ordurier. Il leva le bras pour frapper la femme impudente lorsque brusquement Tess libéra ses mains de son tchador et lui envoya de toutes ses forces un coup de poing à l'estomac. Il s'envola et s'effondra au sol et Tess en profita pour se jeter sur son torse et lui administrer un coup qui broya sa pomme d'Adam. Il sursauta violemment, fixant Tess du regard, apparemment incapable d'admettre d'avoir été vaincu par une femme. Rapidement, il suffoqua.
Tess glissa vers la porte, prenant Kejal par la main et surveillant soigneusement les deux côtés du couloir tout en le traversant. Environ à mi-chemin, elle aperçut la sortie dont Kejal avait parlé mais elle pouvait aussi entendre des voix. Elle se tourna vers la source du bruit mais une main sortie d'une encoignure se referma sur sa bouche. « Chut, pas un mot. » Les mots étaient en anglais mais Tess craignit de s'être fait prendre â encore une fois.
L'homme l'attira dans une pièce et la retourna pour lui faire face. Un coup dâÅil à ces yeux et il sut. Un coup dâÅil à son visage et Tess sut aussi. « Que diable faites-vous ici Vickers ? Je vous croyais occupé à vos bricoles de la CIA ! » Au son de la voix de Tess, Jake sut qu'elle allait bien.
« Apparemment, je suis occupé à faire ce que vous faites : décamper d'ici. J'ai atterri non loin d'ici. J'ai surpris les gardes irakiens et les ai envoyés voir Allah. Mais au fait, comment êtes-vous sortie ? Et qui est-elle ? » s'enquit-il, pointant vers la femme qui suivait Tess.
« Elle est OK », dit Tess. « Elle m'a aidée à m'échapper !
â Ãa me va, répondit Jake. Allons sortir les gars. Vous restez ici, je m'en charge.
â En bon misogyne, commenta Tess.
â Soyez réaliste : vous aurez besoin de toute l'aide qu'on pourra trouver !
â Et vous, n'oubliez pas qui commande !
Jake sourit, « Comment comptez-vous commander avec une tente sur la tête ? Enlevez-la ! »
Tess était sur le point de le faire quand elle réalisa que ce qu'elle portait dessous était loin de ressembler à une tenue de combat. « Plus tard ! » répondit-elle, agacée. « Allons sortir les gars ! »
Jake ne put sâempêcher de sourire. Il eut un aperçu de sa peau laiteuse sous le tchador. Quand avait-il commencé à penser à Tess de cette façon ? 'Reprends-toi, Vickers, et colle-toi au plan', pensa-t-il.
Comme ils approchèrent subrepticement de la geôle, Jake, Tess et Kejal se cachèrent derrière un gros véhicule. « Tess, je dois vous dire ceci. Dan Gardner n'a pas survécu à ses blessures. »
Tess sentit son monde s'écrouler. « Que voulez-vous dire, il n'a pas survécu ? En êtes-vous sûr ? » Il pouvait entendre le désespoir dans sa voix. L'idée de perdre Dan était insupportable. Il avait été le meilleur ami de Jake pendant bien 20 ans, et un mentor affectueux pour Tess depuis sa sorite de l'Académie.
« Oui Tess, j'en suis sûr. J'ai pu parler aux gars à travers les portes de la prison, c'est eux qui me l'ont dit." Les larmes la menaçaient de nouveau, mais elle savait qu'elle devait garder la tête froide. "Et maintenant, sauf si vous voulez rester au Club de l'Enfer pour le reste de votre mission, vous ferez ce que je vous dis... »
Jake sortit une arme de poing de sa ceinture. « J'ai emprunté ça à l'un des gardes. Il n'en aura plus besoin. Ce n'est pas le standard de l'armée mais je suppose que vous savez comment ça marche », dit-il, comme il poussait l'arme dans ses mains. Elle se sentit presque insultée mais remit la punition à plus tard, lorsqu'ils seraient sortis de là . « Ne lâutilisez qu'en cas de nécessité. Le silence est notre meilleur ami pour le moment. Allons-y. »
Tess et Kejal suivirent Jake à travers la porte sans surveillance de la prison. Les gardes prenaient leur repas et ne faisaient pas attention. Jake fit irruption par la porte, tira sur l'un d'eux avec son pistolet à silencieux et s'apprêtait à donner le même sort aux trois autres lorsque Tess cria « Ne les tuez pas ! » Les deux tenaient leurs armes pointées sur les gardes.
« Vous êtes malade ? » Jake hurla à Tess. « Comment proposez-vous qu'on s'en occupe ? » Tess insista. « Ne les tuez pas. Enfermez-les dans une cellule ; une fois là , ils ne poseront plus de problème. » Exaspéré, Jake exhorta les hommes à déposer leurs armes et à pénétrer dans la cellule. Il referma la porte et la verrouilla dans un fracas délibéré. Il contourna un coin de mur et trouva les hommes de Tess, épuisés mais saufs, et les fit sortir.
Le petit groupe profita de l'obscurité pour quitter le bâtiment et bientôt il se retrouvèrent à bonne distance de l'enceinte. Les hélicoptères abattus étaient encore là . Tess courut vers le poste de pilotage de son appareil endommagé et en vérifia la radio. Elle fonctionnait encore. Immédiatement, elle émit une demande de sauvetage. Puis elle retourna vers ses hommes. « Nous devons rester planqués jusqu'au sauvetage. Ils étaient en attente juste derrière le mur de sable. » Les hommes reprirent courage.
Moins de 20 minutes plus tard, un Black Hawk et deux Cobras apparurent. Dans un nuage de sable, le Black Hawk atterrit tandis que les Cobras stationnaient au-dessus. Jake y poussa les soldats, qui chargèrent les blessés et le corps de Dan Gardner à bord, puis pressa les deux femmes de suivre.