Stephen Goldin - Crimes Interplanétaires стр 3.

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Contre le mur du fond se trouvait un poste de travail très bas où saffairait habituellement Chalnas, lassistant de Levexitor. Chalnas était une sorte de secrétaire, qui passait son temps à griffonner sur un calepin. Rabinowitz navait pas souvenir de lavoir entendu prononcer plus de cinq mots consécutifs, et il nouvrait la bouche que pour demander la clarification de tel ou tel point. Ce jour-là, Chalnas était absent. Il faisait partie de ces gens dont labsence se remarquait davantage que la présence.

Au milieu de la pièce, derrière son bureau, se tenait Path-Reynik Levexitor. Les Jenitharps étaient bipèdes, mais humanoïdes uniquement selon une définition très large du terme. Leurs corps cylindriques étaient ornés dun plumage qui faisait vaguement penser à celui dun marabout. Leurs deux bras, très longs, étaient reliés au corps à lendroit où aurait dû se trouver la taille ; grâce à cela, ils pouvaient toucher avec la même aisance le sommet de leur tête patatoïde et la plante de leurs larges pieds. Leurs yeux étaient presque invisibles, et leur voix semblait résonner dans tout leur corps.

La projection holojectée de Levexitor était très grande : il faisait une bonne tête de plus que Rabinowitz. Son plumage revêtait une jolie teinte lavande, bien plus élégante que le marron plébéien de Chalnas. Levexitor était si noble quil avait rarement besoin de se déplacer.

La pièce était entièrement dépourvue de sièges. Rabinowitz restait debout, Levexitor restait debout, et Chalnas quand il était là restait debout. Sur Jenithar, il était inqualifiable de se diminuer volontairement devant un tiers en sasseyant. Si Rabinowitz navait pu sinstaller confortablement chez elle tout en se tenant « debout » dans lholospace de Levexitor, certaines de ses longues séances de négociation ne se seraient pas déroulées aussi aisément.

Bienvenue, Madame Rabinowitz. Je ne mattendais pas à vous revoir si vite.

Je vous présente mes excuses les plus sincères pour cette intrusion, Grandissime. Il me restait quelques minuscules détails à régler, et je me suis dit quil valait mieux en finir au plus vite Mais si Chalnas nest pas là pour les enregistrer

Cest son jour de repos. Mais ne vous en faites pas, je me souviendrai très bien de notre conversation. Poursuivez, je vous prie.

Rabinowitz passa les dix minutes suivantes à discuter des termes précis des droits du théâtre sous-marin et de la durée exacte des cessions. Parfaitement inutile, mais cela suffirait à justifier sa visite.

Lattitude de Levexitor était très inhabituelle. Il mettait parfois plusieurs secondes à lui répondre, et semblait étrangement mal à laise. De toute évidence, quelque chose dans son espace réel occupait une partie de son attention. Pourtant, lorsque Rabinowitz lui proposa de le laisser soccuper de ses problèmes plus urgents et de revenir un peu plus tard, il refusa tout net et poursuivit la discussion.

Lorsquenfin ils eurent étudié la question de fond en comble, Rabinowitz tenta damener la vraie raison de sa visite :

Grandissime, jhésite à aborder un sujet aussi délicat face à un si éminent personnage, mais quelque chose ma perturbée au point que jéprouve le besoin de vous en toucher un mot.

Parlez librement, répondit Levexitor.

Très bien, Grandissime. Il court sur Terre une rumeur selon laquelle des criminels se livreraient à une contrebande littéraire dans les marchés interplanétaires. Jignore de qui il sagit, mais seuls les citoyens les plus vils pourraient sabaisser à ce point.

Il est curieux que vous mentionniez ce sujet justement aujourdhui, Madame Rabinowitz. Continuez, je vous prie.

Bien entendu, je vous sais au-dessus de telles intrigues. Cependant, en tant quamie, je craignais que, malgré vous, vous vous trouviez dupé par ces criminels et poussé à accomplir des actes susceptibles de vous diminuer. Je me suis aussi dit que vous sauriez répandre la nouvelle auprès de vos collègues de moindre envergure, dont certains pourraient céder à la tentation. Ces criminels sont sans scrupule et rabaisseraient quiconque ferait affaire avec eux.

En effet, dit Levexitor. Je comprends parfaitement. Même le plus grand dentre nous peut céder à la tentation dune telle offre, surtout venant dune source élevée.

Une longue pause sensuivit.

Oui, reprit-il enfin. Je comprends également que de telles transactions puissent diminuer le coupable. Pour faire simple, Madame Rabinowitz

Levexitor sinterrompit brutalement et se retourna. Il leva la tête, puis poussa un cri bref et tomba en travers de son bureau, étrangement immobile.

Grandissime ? Grandissime ?

Un silence de mort régnait dans la pièce. Rien ne bougeait. Rien némettait le moindre son.

Rabinowitz regarda autour delle. Ils étaient seuls dans le bureau virtuel. Et Levexitor ne bougeait plus.

Rabinowitz sapprocha du corps imposant de lalien. Elle tendit la main pour le toucher. Il présentait une certaine solidité : elle avait limpression deffleurer un arbre à travers dépais gants en caoutchouc. Le corps projeté de Levexitor était aussi réel que les murs et tout aussi animé.

À pas lents, elle fit le tour de la pièce. Ses pas étaient silencieux. Levexitor némettait aucun bruit. Elle nentendait que son propre pouls qui résonnait à ses oreilles, et son souffle quelle tentait vainement dapaiser.

Inutile dappeler à laide : dans cet espace virtuel nexistaient que sa projection et celle de Levexitor. Si quelquun ou quelque chose sétait introduit dans lespace réel de lalien, il était invisible à ses yeux.

Mais il fallait prévenir quelquun. Elle parcourut des yeux la pièce chichement meublée, à la recherche dun quelconque appareil de communication. Rien. La petite table de Chalnas était entièrement vide. Il y avait bien quelques boutons sur le bureau de Levexitor, mais il sétait effondré dessus et elle ne pouvait pas le déplacer. Et même si elle lavait pu, elle naurait pas su sen servir.

Soudain, le corps de Levexitor se redressa un mouvement qui nétait manifestement pas du fait de lalien. Sous les yeux de Rabinowitz, des mains invisibles se mirent à pianoter sur les boutons du bureau. Un instant plus tard, la pièce entière disparut et Rabinowitz se retrouva dans sa cabine dholojection.

Les bras serrés sur sa poitrine, elle saffala sur sa méridienne en tremblant comme une feuille. Elle claquait littéralement des dents. Cela ne lui était plus arrivé depuis sa lecture du « Cœur Révélateur » dEdgar Poe, quand elle avait 14 ans. Elle ferma les yeux et tenta de respirer calmement.

Peu à peu, elle reprit le contrôle. Alors, elle força ses lèvres tremblantes à prononcer : « Téléphone : San Francisco, Interpol, Inspecteur Hoy ». Un instant plus tard, le visage souriant de linspecteur apparaissait sur son écran.

Quelle agréable surprise, Madame Rabinowitz ! Je ne pensais pas avoir si vite de vos nouvelles !

Cette surprise na rien dagréable, répliqua-t-elle. Vraiment pas. Vous allez devoir contacter les autorités de Jenithar. Quelque chose vient darriver à Levexitor. Je crois quil a été assassiné.

Je me sens comme une idiote, soupira Rabinowitz. Jai paniqué comme une stupide adolescente. Je nétais pas en danger. Il naurait pas pu me toucher

Vous étiez présente au moment où la vie dun de vos collaborateurs a violemment pris fin, répliqua Hoy dun ton apaisant. Du moins, holoprésente. Je minquiéterais si vous nétiez pas en état de choc.

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