Keith Dixon - Actrice стр 15.

Шрифт
Фон

- Pedro, que veux-tu que je fasse ?

- Tu es le centre de cette pièce. Cet après-midi, je veux que tu dises tes lignes, bien sûr, mais je veux que tu fasses prendre conscience aux autres que tu regardes. Aujourdhui, ils performeront pour gagner ton amour et tu dois être présente, là où ils peuvent te voir.

- Cest tout ?

- Non, ce nest pas tout. A partir de demain, je veux que tu thabilles pour le rôle. Plus de jeans et de gros pulls. Une jupe, peut-être des bottes, un haut simple. Transforme-toi en cette fille, et rends-toi désirable à ceux qui doivent te désirer. Je sais que tu es impliquée dans cette stupide compétition dans les journaux. Tu dois gagner lamour de plusieurs milliers de personnes qui ne te connaissent pas. A partir de demain, tu dois gagner lamour de ceux dentre nous, ici, qui te connaissent.

Une étrange sensation prit forme au fond de son ventre, une nécessité daccomplir ce travail. Elle comprit ce quil voulait dire, même si une partie de son intellect se révoltait contre lidée. A la télévision, elle avait gagné les cœurs de millions de personnes mais cétait le scénario qui lavait fait surmonter les difficultés et les problèmes et qui lui avait permis ensuite de survivre. Elle devait uniquement se révéler. Pedro lui demandait de gagner ce même amour, de sinvestir dans le rôle une chose quon lui avait jamais demandé de faire. Des idées se mirent à bourdonner dans sa tête. Elle sentit un sourire sur ses lèvres quelle savait avoir été déclenché par défi.

Laprès-midi était consacrée essentiellement à Linda, une femme que Mai avait vu à la télévision pendant plusieurs années et qui avait également eu une longue carrière. Mai observait comment elle écoutait les autres personnages son fils, le jeune homme quelle voulait pour son amoureux, ceux qui dépendaient delle pour vivre. Elle étudiait la façon dont elle se tenait immobile et laissait sa voix faire le travail. Elle savait que plus tard dans lacte, le personnage deviendra émotif, désemparé et voulait voir comme Linda gérerait les directions physiques de la scène se jeter aux pieds de son amoureux par désespoir. Ensuite révéler au public que tout nétait que de la comédie pour le reconquérir.

Elle remarqua que les autres acteurs observaient également attentivement. Elle avait un charisme et une force adaptés à son rôle. Regarde et apprends, se dit Mai. Et exerces la voix. Les yeux et la voix et puis le minimum de gestes pour obtenir un impact maximal.

Eric avait choisi un bar sur la rive sud (South Bank) qui avait une vue magnifique sur Tower Bridge, illuminé tel une carte postale gigantesque de néon dans la nuit.

Il avait échangé sa veste de sport beige contre un costume chic et il mangeait des cacahuètes.

- Tu réalises que cela te donnera la mauvaise haleine ? dit-elle se glissant sur le banc à côté de lui.

- Tu réalises ça fait combien de temps que je tattends ? Dix-huit heures, tu avais dit.

- Un imprévu. On appelle ça le travail.

- Je tai pris un spritzer au vin blanc, dit-il en faisant un geste vers un verre contenant un liquide jaune.

- Vin blanc ? On dirait du jus de banane.

Il ignora sa plainte :

- Il sagit donc du sondage Deannah, comme ils ont sûrement commencé à lappeler. Ça aura une marque et un logo la semaine prochaine. Quest-ce qui se passe ?

- Personne des journaux ne ma encore parlé. Est-ce que tu me gardes en isolement ou quoi ? Je dois sortir et parler aux gens, non ? Helena Cross était partout à la télé, ce matin. Que dois-je faire pour me rendre visible ?

Eric la regarda à travers ses yeux recouverts, comme si labsurdité de sa conversation lavait plongée dans de nouvelles profondeurs. Il tendit le bras à côté de lui et souleva une copie de Daily Paper, quil jeta sur la table.

- As-tu au moins vu ça ? Celui daujourdhui.

Mai feuilleta jusquà la section showbiz. Une double page montrait son profil sur la page de gauche à regarder Helena Cross sur la droite, qui avait lair de la fixer. Les photos avaient été extrêmement retouchées pour retirer les arrière-plans respectifs et des sourcils froncés mis sur chacune delles.

- Tu y es déjà, dit Eric, à jouer les grands bras, semble-t-il. Entre parenthèses, quest-ce que cest cette histoire de toi et Alfie ? Cest vrai ?

- Il se passe quelque chose, dit-elle. Jessaie toujours de déterminer exactement quoi. Doù ont-ils eu cette photo ? Jai lair dune femme des cavernes avec ces faux sourcils. Que dois-je dire à linterview ?

- Que tu es très ravie, que tu souhaites bonne chance à tout le monde et que la meilleure gagne. Ils ont trouvé quelque chose sur toi et Helena, que vous vous êtes toutes deux présentées pour le même rôle dans Amberside. On dit quelle souffre toujours de linjustice du casting pour ce boulot. Celui-ci sera différent, ce sera le grand public britannique qui votera etc

- Suis-je bien acceptée ?

- Il y a beaucoup de choses que je peux faire avec les matériaux que tu me donnes, dit-il. Peut-être que tu devrais reprendre avec le jeune Ringo Starr et jouer aux amoureux. Tu verras, ce sera le prochain pas dHelena. Une édition spéciale de Hello!, où elle exhibe sa belle maison et le nouvel homme dans sa vie. Quelque chose également dans les mags pour filles. Est-ce que Jackie marche toujours ?

Mai ferma les yeux.

- Peut-on se montrer prudents pour une fois ?

- Quoi une interview au Financial Times ?

- Je ne sais pas quelque chose dun peu plus important pourrait récolter les votes des adultes. Jai encore beaucoup trop dadolescents à cause dAmberside.

- Sils se souviennent de toi.

- Admettons. Mais je veux élargir lattrait. Ça aiderait également le journal, si la compétition est un peu plus quel est le mot ?

- Sérieuse.

- Sérieuse. Cest ça. Ils ont ces choses dans les magazines du week-end Dix Choses que je connais, Quinze que jai apprises.

- Une demi-douzaine serait, je pense, une bonne idée pour faire de la promo. Je comprends ce que tu veux dire. Jai un cafteur à Indy. Je vais voir si je peux arriver à quelque chose.

- Tu vois ! Tu peux même dire que cétait ton idée.

- Pendant ce temps-là, ta-da, jai quelque chose de prévue pour demain. Une de ces mags de télé.

Mai soupira.

- Je déteste ça. Je ne peux pas être occupée ? Indisposée ?

- Pas si tu veux gagner. Le grand public est fasciné par les ragots. Tu auras une photo en première page.

- Ah, super ! A quelle heure demain ?

- Appelle-moi quand tu seras libre. Ils sont flexibles.

- Bien sûr quils le sont. Tu ne sais pas que je suis une grande star ?

Le bar commençait à se remplir et Eric, devenu agité, finit son verre.

- Autre chose ? Jai une vie privée, tu sais ?

Mai tendit sa main pour toucher le col de son costume.

- Alcooliques anonymes ? Apéritif au Ritz ?

- Mon premier soir de Stephen à Donmar. Je vois sa mère là-bas. La première fois quon parle depuis environ deux ans. Il y a fallut de putain Samuel Beckett pour quon se reparle. Nest-ce pas ironique ?

- Je ne dis rien.

- Exactement.

Elle le sentit avant darriver à la porte. Quelque chose de consistant avec une prépondérance orientale. Elle eut un flash proustien étant enfant, avant que papa Rose ne meure, une espèce de nappe sur la table de la cuisine, des récipients en étain, de la sauce à orange visqueuse. Elle devait avoir cinq ans et son père avait invité une personne à la maison sans le dire à Geraldine. Cétait donc un prêt-à-emporter chinois, le premier que Mai avait jamais vu ou sentit. Les hommes sétait assis dans la salle de devant à la chaleur de la cheminée, les bûches craquelant, Geraldine servant la substance visqueuse dans les assiettes, les yeux fléchés, la bouche retroussée, une mauvaise ambiance dans la maison.

Ваша оценка очень важна

0
Шрифт
Фон

Помогите Вашим друзьям узнать о библиотеке

Скачать книгу

Если нет возможности читать онлайн, скачайте книгу файлом для электронной книжки и читайте офлайн.

fb2.zip txt txt.zip rtf.zip a4.pdf a6.pdf mobi.prc epub ios.epub fb3

Популярные книги автора