Бульвер-Литтон Эдвард Джордж - La race future стр 9.

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VIII

En m'éveillant, je vis à côté de mon lit l'enfant qui avait apporté la corde et les grappins dans l'édifice où l'on m'avait fait entrer d'abord, et qui, comme je l'appris plus tard, était la résidence du magistrat principal de la tribu. L'enfant, dont le nom était Taë, prononcez Tar-ēē, était le fils aîné du magistrat. Je m'aperçus que pendant mon dernier sommeil, ou plutôt ma dernière extase, j'avais fait plus de progrès dans la langue du pays et que je pouvais causer avec une facilité relative.

Cet enfant était singulièrement beau, même pour la belle race à laquelle il appartenait; il avait l'air très viril pour son âge, et l'expression de sa physionomie était plus vive et plus énergique que celle que j'avais remarquée sur les figures sereines et calmes des hommes. Il m'apportait les tablettes sur lesquelles j'avais dessiné ma descente et où j'avais aussi esquissé la tête du monstre qui m'avait fait quitter le cadavre de mon ami. En me montrant cette portion du dessin, Taë m'adressa quelques questions sur la taille et la forme du monstre, et sur la caverne ou gouffre dont il était sorti. L'intérêt qu'il prenait à mes réponses semblait assez sérieux pour le détourner quelque temps de toute curiosité sur ma personne et mes antécédents. Mais à mon grand embarras, car je me souvenais de la parole donnée à mon hôte, il me demanda d'où je venais. À cet instant même, Zee entra heureusement et entendit sa question.

Taë,lui dit-elle,donne à notre hôte tous les renseignements qu'il te demandera, mais ne lui en demande aucun en retour. Lui demander qui il est, d'où il vient, ou pourquoi il est ici, serait manquer à la loi que mon père a établie pour cette maison.

C'est bien,dit Taë, posant sa main sur son cœur.

À partir de ce moment, cet enfant, avec lequel je me liai très intimement, ne m'adressa jamais une seule des questions ainsi interdites.

IX

Plus tard seulement, après des extases répétées, mon esprit devint plus capable d'échanger des idées avec mes hôtes et de comprendre plus complètement des différences de mœurs ou de coutumes qui m'avaient d'abord trop étonné pour que ma raison pût les saisir; alors seulement je pus recueillir les détails suivants sur l'origine et l'histoire de cette population souterraine, qui forme une partie d'une grande famille de nations appelée les Ana.

Suivant les traditions les plus anciennes, les ancêtres de cette race avaient habité un monde situé au-dessus de celui qu'habitaient leurs descendants. Ceux-ci conservaient encore dans leurs archives des légendes relatives à ce monde supérieur et où l'on parlait d'une voûte où les lampes n'étaient allumées par aucune main humaine. Mais ces légendes étaient regardées par la plupart des commentateurs comme des fables allégoriques. Suivant ces traditions, la terre elle-même, à la date où elles remontaient, n'était pas dans son enfance mais dans les douleurs et le travail d'une période de transition et sujette à de violentes révolutions de la nature. Par une de ces révolutions, la portion du monde supérieur habitée par les ancêtres de cette race avait été soumise à de grandes inondations, non pas subites, mais graduelles et irrésistibles; quelques individus seulement échappèrent à la destruction. Est-ce là un soutenir de notre Déluge historique et sacré ou d'aucun autre des cataclysmes antérieurs au Déluge et sur lesquels les géologues discutent de nos jours? Je ne sais, mais si l'on rapproche la chronologie de ce peuple de celle de Newton, on voit que la catastrophe dont il parle aurait dû arriver plusieurs milliers d'années avant Noé. D'autre part, l'opinion de ces écrivains souterrains ne s'accorde pas avec celle qui est la plus répandue parmi les géologues sérieux, en ce qu'elle suppose l'existence d'une race humaine sur la terre à une date bien antérieure à l'époque où les géologues placent la formation des mammifères. Quelques membres de la race infortunée, ainsi envahie par le Déluge, avaient, pendant la marche progressive des eaux, cherché un refuge dans des cavernes situées sur les plus hautes montagnes et, en errant dans ces profondeurs, ils perdirent pour toujours le ciel de vue. Toute la face de la terre avait été changée par cette grande révolution; la terre était devenue mer et la mer était devenue terre. On m'apprit comme un fait incontestable que, même maintenant, dans les entrailles de la terre on pouvait trouver des restes d'habitations humaines; non pas des huttes ou des antres, mais de vastes cités dont les ruines attestent la civilisation des races qui florissaient avant le temps de Noé; ces races ne doivent donc pas être mises au rang de celles que l'histoire naturelle caractérise par l'usage du silex et l'ignorance du fer.

Les fugitifs avaient emporté avec eux la connaissance des arts qu'ils exerçaient sur la terre, la tradition de leur culture et de leur civilisation. Leur premier besoin dut être de remplacer la lumière qu'ils avaient perdue; et à aucune époque, même dans la période préhistorique, les races souterraines, dont faisait partie la tribu où je vivais, ne paraissent avoir été étrangères à l'art de se procurer de la lumière au moyen des gaz, du manganèse, ou du pétrole. Ils s'étaient habitués dans le monde supérieur à lutter contre les forces de la nature, et la longue bataille qu'ils avaient soutenue contre leur vainqueur, l'Océan, dont l'invasion avait mis des siècles à s'accomplir, les avait rendus habiles à dompter les eaux par des digues et des canaux. C'est à cette habileté qu'ils durent leur salut dans leur nouveau séjour.

Pendant plusieurs générations,me dit mon hôte avec une sorte de mépris et d'horreur,nos ancêtres dégradèrent leur nature et abrégèrent leur vie en mangeant la chair des animaux, dont plusieurs espèces avaient, à leur exemple, échappé au Déluge, en cherchant un refuge dans les profondeurs de la terre; d'autres animaux, qu'on suppose inconnus au monde supérieur, étaient une production de ces régions souterraines.

À l'époque où ce que nous appellerons l'âge historique se dégageait du crépuscule de la tradition, les Ana étaient déjà établis en différents États et avaient atteint un degré de civilisation analogue à celui dont jouissent en ce moment sur la terre les peuples les plus avancés. Ils connaissaient presque toutes nos inventions modernes, y compris l'emploi de la vapeur et du gaz. Les différents peuples étaient séparés par des rivalités violentes. Ils avaient des riches et des pauvres; ils avaient des orateurs et des conquérants; ils se faisaient la guerre pour une province ou pour une idée. Quoique les divers États reconnussent diverses formes de gouvernement, les institutions libres commençaient à avoir la prépondérance; les assemblées populaires avaient plus de puissance; la république exista bientôt partout; la démocratie, que les politiques européens les plus éclairés regardent devant eux comme le terme extrême du progrès politique et qui domine encore parmi les autres tribus du monde souterrain, considérées comme barbares, n'a laissé aux Ana supérieurs, comme ceux chez lesquels je me trouvais, que le souvenir d'un des tâtonnements les plus grossiers et les plus ignorants de l'enfance de la politique. C'était l'âge de l'envie et de la haine, des perpétuelles révolutions sociales plus ou moins violentes, des luttes entre les classes, et des guerres d'État à État. Cette phase dura cependant quelques siècles, et fut terminée, au moins chez les populations les plus nobles et les plus intelligentes, par la découverte graduelle des pouvoirs latents enfermés dans ce fluide qui pénètre partout et qu'ils désignaient sous le nom de vril.

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