Бульвер-Литтон Эдвард Джордж - La race future стр 5.

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Une sensation de faiblesse, accompagnée de douleurs aiguës et lancinantes dans la tête et dans le cou, s'empara de moi. Je tombai à la renverse sur mon siège, essayant en vain d'étouffer un gémissement. À ce moment, l'enfant, qui avait semblé me regarder avec déplaisir ou avec défiance, s'agenouilla à côté de moi pour me soutenir; il prit une de mes mains entre les siennes, approcha ses lèvres de mon front, en soufflant doucement. En un instant, la douleur cessa; un calme languissant et délicieux s'empara de moi; je m'endormis.

Je ne sais pas combien de temps je restai ainsi, mais quand je m'éveillai, j'étais parfaitement rétabli. En ouvrant les yeux j'aperçus un groupe de formes silencieuses, assises autour de moi avec la gravité et la quiétude des Orientaux; toutes ressemblaient plus ou moins à mon guide; les mêmes ailes ployées, les mêmes vêtements, les mêmes visages de sphinx, avec les mêmes yeux noirs et le teint rouge; par-dessus tout le même type, race presque semblable à l'homme, mais plus grande, plus forte, d'un aspect plus imposant, et inspirant le même sentiment indéfinissable de terreur. Cependant leurs physionomies étaient douces et calmes, et même affectueuses dans leur expression. Chose étrange! il me semblait que c'était dans ce calme même et dans ce même air de bonté que résidait le secret de la terreur qu'ils inspiraient. Leurs visages ne présentaient pas plus ces rides et ces ombres que le souci, le chagrin, les passions et le péché impriment sur la face des hommes, que le visage des dieux de marbre de l'antiquité, ou qu'aux yeux du chrétien en deuil n'en montre le front paisible des morts.

Je sentis sur mon épaule la chaleur d'une main; c'était celle de l'enfant. Il y avait dans ses yeux une sorte de pitié, de tendresse, comme celle qu'on peut ressentir à la vue d'un oiseau ou d'un papillon blessés. Je me détournai à ce contact.... j'évitai ces yeux. Je sentais vaguement que, s'il l'avait voulu, l'enfant aurait pu me tuer aussi aisément qu'un homme tue une mouche ou un papillon. L'enfant parut peiné de ma répugnance; il me quitta et alla se placer près d'une fenêtre. Les autres continuèrent à parler à voix basse et, à leurs regards, je pus m'apercevoir que j'étais l'objet de leur conversation. L'un d'eux, entre autres, semblait proposer avec insistance quelque chose sur mon compte à celui que j'avais d'abord rencontré et, par ses gestes, celui-ci semblait près d'acquiescer, quand l'enfant quitta tout à coup son poste près de la fenêtre, se plaça entre moi et les autres, comme pour me protéger, et parla rapidement et avec animation. Par une sorte d'intuition et d'instinct, je sentis que l'enfant que j'avais d'abord craint plaidait en ma faveur. Avant qu'il eût fini, un autre étranger entra dans la chambre. Il me parut plus âgé que les autres, mais non pas vieux; sa physionomie, moins calme et moins sereine que celle des autres, quoique les traits fussent aussi réguliers, me semblait plus rapprochée de celle de ma propre race. Il écouta tranquillement ce qui lui fut dit, d'abord par mon guide, ensuite par deux autres, et enfin par l'enfant; puis il se tourna et s'adressa à moi, non par des paroles, mais par des signes et des gestes. Je crus le comprendre, et je ne me trompai pas. Il me demandait d'où je venais. J'étendis le bras et montrai la route que j'avais suivie; tout à coup une idée me vint. Je tirai mon portefeuille et esquissai sur une des pages blanches un dessin grossier de la corniche de rocher, de la corde et de ma propre descente; puis je dessinai au-dessous le fond du gouffre, la tête du reptile, et la forme inanimée de mon ami. Je donnai cet hiéroglyphe primitif à celui qui m'interrogeait; après l'avoir examiné gravement, il le donna à son plus proche voisin, et mon esquisse fit ainsi le tour du groupe. L'être que j'avais d'abord rencontré dit alors quelques mots, l'enfant s'approcha et regarda mon dessin, fit un signe de tête, comme pour dire qu'il en comprenait le sens et, retournant à la fenêtre, il étendit ses ailes, les secoua une ou deux fois, et se lança dans l'espace. Je bondis dans un mouvement de surprise et courus à la fenêtre. L'enfant était déjà dans l'air, supporté par ses ailes qu'il n'agitait pas, comme font les oiseaux; elles étaient élevées au-dessus de sa tête et semblaient le soutenir sans aucun effort de sa part. Son vol me paraissait aussi rapide que celui d'un aigle; je remarquai qu'il se dirigeait vers le roc d'où j'étais descendu et dont les contours se distinguaient dans la brillante atmosphère. Au bout de peu de minutes, il était de retour, entrant par l'ouverture d'où il était parti et jetant sur le sol la corde et les grappins que j'avais abandonnés dans ma descente. Quelques mois furent échangés à voix basse; un des êtres présents toucha un automate qui se mit aussitôt en mouvement et glissa hors de la chambre; alors le dernier venu, qui s'était adressé à moi par gestes, se leva, me prit par la main, et me conduisit dans le couloir. La plate-forme sur laquelle j'étais monté nous attendait; nous nous y plaçâmes et nous descendîmes dans la première salle où j'étais entré. Mon nouveau compagnon, me tenant toujours par la main, me conduisit dans une rue (si je puis l'appeler ainsi) qui s'étendait au delà de l'édifice, avec des bâtiments des deux côtés, séparés les uns des autres par des jardins tout brillants d'une végétation richement colorée et de fleurs étranges. Au milieu de ces jardins, que divisaient des murs peu élevés, ou sur la route, un grand nombre d'autres êtres, semblables à ceux que j'avais déjà vus, se promenaient gravement. Quelques-uns des passants, dès qu'ils me virent, s'approchèrent de mon guide; et leurs voix, leurs gestes, leurs regards prouvaient qu'ils lui adressaient des questions sur mon compte. En peu d'instants une véritable foule nous entourait, m'examinant avec un vif intérêt comme si j'étais quelque rare animal sauvage. Même en satisfaisant leur curiosité, ils conservaient un maintien grave et courtois; et sur quelques mots de mon guide, qui semblait prier qu'on nous laissât libres, ils se retirèrent avec une majestueuse inclination de tête et reprirent leur route avec une tranquille indifférence. Au milieu de cette rue nous nous arrêtâmes devant un bâtiment qui différait de ceux que nous avions rencontrés jusque-là, en ce qu'il formait trois côtés d'une cour, aux angles de laquelle s'élevaient de hautes tours pyramidales; dans l'espace ouvert se trouvait une fontaine circulaire de dimensions colossales, lançant une gerbe éblouissante d'un liquide qui me parut être du feu. Nous entrâmes dans ce bâtiment par une ouverture sans porte, et nous nous trouvâmes dans une salle immense où il y avait plusieurs groupes d'enfants, tous employés, me sembla-t-il, à divers travaux, comme dans une grande manufacture. Dans le mur, une énorme machine était en mouvement avec ses roues et ses cylindres; elle ressemblait à nos machines à vapeur, si ce n'est qu'elle était ornée de pierres précieuses et de métaux et qu'elle paraissait émettre une pâle atmosphère phosphorescente de lumière changeante. Beaucoup de ces enfants travaillaient à quelque besogne mystérieuse près de cette machine, les autres étaient assis devant des tables. Je ne pus rester assez longtemps pour examiner la nature de leurs travaux. On n'entendait pas une voix; pas un des jeunes visages ne se tourna vers nous. Ils étaient tous aussi tranquilles et aussi indifférents que pourraient l'être des spectres au milieu desquels passeraient inaperçues des formes vivantes.

En quittant cette salle, mon compagnon me conduisit dans une galerie garnie de panneaux richement peints; les couleurs étaient mélangées d'or d'une façon barbare, comme les peintures de Louis Cranach. Les sujets de ces tableaux me parurent rappeler les événements historiques de la race au milieu de laquelle je me trouvais. Dans tous il y avait des personnages, dont la plupart étaient semblables à ceux que j'avais déjà vus, mais non pas tous habillés de la même façon, ni tous pourvus d'ailes. Il y avait aussi des effigies de divers animaux et d'oiseaux qui m'étaient complètement inconnus; l'arrière-plan de ces tableaux représentait des paysages ou des édifices. Autant que me permettait d'en juger ma connaissance imparfaite de l'art de la peinture, ces tableaux me paraissaient d'un dessin très exact et d'un très riche coloris; mais les détails n'en étaient pas distribués d'après les règles de composition adoptées par nos artistes: on peut dire qu'ils manquaient d'unité; de sorte que l'effet était vague, confus, embarrassant; on eût dit les fragments hétérogènes d'un rêve d'artiste.

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