Gustave Aimard - Les nuits mexicaines стр 11.

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Les rires du jeune homme redoublèrent à ces paroles.

 Sur ma foi! dit-il, vous êtes un charmant compagnon, monsieur Olivier, et lorsque je me serai séparé de vous, bien souvent je regretterai votre agréable compagnie.

 Alors préparez-vous à me regretter, monsieur le comte, répondit-il en souriant, car nous n'avons plus que quelques instants à passer ensemble.

 Comment cela?

 Une heure tout au plus, pas davantage, mais continuons notre route: le soleil commence à devenir chaud et l'ombrage des arbres qui sont là-bas nous sera fort agréable.

Ils lâchèrent la bride à leurs chevaux et reprirent au petit pas la descente presqu'insensible qui les devait conduire dans la plaine.

 Est-ce que vous ne commencez pas à éprouver le besoin de vous reposer de vos fatigues, monsieur le comte? demanda l'aventurier en tordant nonchalamment une cigarette.

 Ma foi non; grâce à vous ce voyage m'a paru charmant, bien qu'un peu monotone.

 Comment, monotone?

 Dame, en France on nous fait des récits effrayants des pays d'outremer, où dit-on on trouve à chaque pas des bandits embusqués, où l'on ne saurait faire dix lieues sans risquer vingt fois sa vie; aussi n'est-ce qu'avec une certaine appréhension que nous débarquons sur ces rivages. J'avais la tête farcie d'histoires à faire dresser les cheveux; je me préparais à des surprises, des guets-apens, des combats acharnés, que sais-je encore! Eh bien, pas du tout, j'ai fait le voyage le plus prosaïque du monde, sans le plus petit accident que je puisse raconter plus tard.

 Vous n'êtes pas encore hors du Mexique.

 C'est vrai, mais mes illusions sont détruites, je ne crois plus aux bandits mexicains, ni aux féroces Indiens; ce n'est pas la peine de venir si loin, pour ne rien voir de plus que ce qu'on verrait dans son pays. Au diable les voyages! Il y a quatre jours, je croyais que nous allions avoir une aventure; pendant que vous m'aviez laissé seul, je formais des projets de bataille à perte de vue, et puis, au bout de deux longues heures d'absence, vous revenez tout souriant m'annoncer que vous vous étiez trompé et que vous n'aviez rien vu; il m'a fallu renfoncer toutes mes intentions belliqueuses. Définitivement, c'est ne pas avoir de chance.

 Que voulez-vous? répondit l'aventurier avec un accent d'imperceptible ironie, la civilisation nous gagne tellement que nous ressemblons aujourd'hui, à part quelques légères nuances, aux peuples du vieux monde.

 Riez, riez, moquez-vous bien de moi, je vous en laisse parfaitement le droit; mais revenons s'il vous plaît à notre sujet.

 Revenons-y, je ne demande pas mieux, monsieur le comte. Ne m'avez-vous pas, en causant avec moi, dit, entre autres choses, que vous aviez l'intention de vous rendre à l'hacienda del Arenal, et que si vous ne vous détourniez pas de votre route, au lieu de pousser tout droit à México, c'était par la raison, que vous craigniez de vous égarer dans un pays que vous ne connaissez pas, et de ne point rencontrer des personnes capables de vous remettre dans le bon chemin?

 Je vous ai dit cela, en effet, monsieur.

 Oh! Puisqu'il en est ainsi, la question se simplifie extraordinairement.

 Comment cela?

 Tenez, monsieur le comte, regardez devant vous. Que voyez-vous?

 Un magnifique bâtiment qui ressemble à une forteresse.

 Eh bien, ce bâtiment est l'hacienda del Arenal.

Le comte jeta un cri d'étonnement.

 Il serait possible! Vous ne me trompez pas, dit-il?

 Dans quel but? répondit doucement l'aventurier.

 Oh! Mais de cette façon la surprise est bien plus charmante que je ne le supposais d'abord.

 Ah! A propos, j'oubliais un détail qui ne manque pas, cependant, que d'avoir pour vous une certaine importance: vos domestiques et tous vos bagages sont rendus depuis deux jours déjà à l'hacienda.

 Mais comment mes domestiques ont ils été informés?

 C'est moi qui les ai avertis.

 Vous ne m'avez presque pas quitté.

 C'est vrai, quelques instants seulement, mais cela a suffi.

 Vous êtes un aimable compagnon, monsieur Olivier; je vous remercie sincèrement de toutes vos attentions pour moi.

 Allons donc, vous plaisantez.

 Connaissez-vous le propriétaire de cette hacienda.

 Don Andrés de la Cruz? Très bien.

 Quel homme est-ce?

 Au moral ou au physique?

 Au moral.

 Un homme de cœur et d'intelligence; il fait beaucoup de bien, et est accessible aux pauvres comme aux riches.

 Hum! C'est un magnifique portrait que vous faites-là.

 Je reste au-dessous de la vérité; il a beaucoup d'ennemis.

 Des ennemis?

 Oui, tous les coquins du pays, et grâce à Dieu, ils foisonnent sur cette terre bénie.

 Et sa fille doña Dolores?

 C'est une délicieuse enfant de seize ans, bonne plus encore que belle; innocente et pure, ses yeux reflètent le ciel; c'est un ange que Dieu s'est plu à égarer sur la terre, pour faire honte aux hommes sans doute.

 Vous m'accompagnerez à l'hacienda, n'est-ce pas, monsieur? dit le comte.

 Non, je ne vois pas le señor don Andrés de la Cruz; dans quelques minutes j'aurai l'honneur de prendre congé de vous.

 Pour nous revoir bientôt, je l'espère.

 Je n'ose vous le promettre, monsieur le comte. Ils marchèrent encore pendant quelques instants silencieux aux côtés l'un de l'autre.

Ils avaient hâté le pas de leurs chevaux et approchaient rapidement de l'hacienda, dont les bâtiments apparaissaient maintenant dans tout leur développement.

C'était une de ces magnifiques résidences construites dans les premiers temps de la conquête, demi-palais, demi-forteresse, comme les Espagnols en élevaient alors sur leurs terres, afin de tenir les Indiens en échec et de résister à leurs attaques, pendant les nombreuses révoltes qui ensanglantèrent les premières années de l'invasion des Européens.

Les almenas ou créneaux qui couronnaient les murs, témoignaient de la noblesse du propriétaire de l'hacienda, les gentilshommes seuls possédant le droit de créneler leurs habitations, droit dont ils se montraient fort jaloux.

On voyait briller aux rayons ardents du soleil le dôme de la chapelle de l'hacienda qui s'élevait au-dessus des murailles.

Plus les voyageurs approchaient, plus le paysage semblait vivant; à chaque instant ils croisaient des cavaliers, des arrieros avec leurs mules, des Indiens courant avec des fardeaux suspendus sur leur dos par une courroie passée autour de leur front, puis c'était des troupeaux chassés par les vaqueros et changeant de pâturages, des moines trottant sur des mules, des femmes, des enfants, enfin des gens affairés de tous états et de tous sexes qui allaient, venaient et se croisaient dans tous les sens.

Lorsqu'ils atteignirent le pied de la colline que dominait l'hacienda, l'aventurier arrêta son cheval au moment où celui-ci s'engageait dans le sentier conduisant à la porte principale de l'habitation.

 Monsieur le comte, dit-il, en se tournant vers le jeune homme; nous voici arrivés au terme de notre voyage, permettez-moi de prendre congé de vous.

 Pas avant que vous m'ayez promis de me revoir.

 Je ne puis vous promettre cela, comte, nos routes sont diamétralement opposées, d'ailleurs peut-être vaudrait-il mieux que nous ne nous revissions jamais.

 Que voulez-vous dire?

 Rien d'offensant pour vous, ou qui vous soit personnel; permettez-moi de serrer votre main avant de nous quitter.

 Oh! De grand cœur, s'écria le jeune homme en lui tendant la main avec effusion.

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