Жульетта Бенцони - Catherine Il suffit d'un Amour Tome 2 стр 4.

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Quand je suis entrée chez eux pour réclamer de la charpie et des bandes, je les ai trouvés à moitié morts de peur dans leur soupe aux choux.

Et vous les avez rassurés, ces pauvres gens ?

Jamais de la vie ! s'écria la comtesse avec un rire énorme. J'ai achevé de les terroriser en leur disant qu'il y avait une grande chance pour que le duc les fasse écorcher vifs en apprenant ce qu'ils avaient laissé faire. Du coup, ils nous ont donné leur propre chambre et je ne suis pas sûre qu'ils ne soient en train de faire leurs paquets...

Catherine regarda plus attentivement autour d'elle. En effet, cette chambre n'était pas celle où elle avait logé, jusque-là, avec Ermengarde. Celle-ci était plus grande, plus confortable et tendue de deux belles tapisseries... Elle communiquait avec une autre pièce et l'idée d'être complètement à l'abri des curiosités de Marie de Vaugrigneuse fut agréable à la malade. Tandis que Sara retournait à la cheminée pour verser dans une écuelle de faïence le contenu de sa petite marmite, Ermengarde s'établit sur le pied du lit et raconta comment Sara et elle-même avaient dû enduire complètement Catherine de baume calmant avant de l'envelopper tout entière de toile fine...

Vous êtes écorchée, tuméfiée de partout, fit-elle avec un bon rire, mais heureusement il n'y a rien de très profond. Sara pense qu'il ne restera que de très légères traces et rien, en tout cas, au visage. Je crois, Dieu me pardonne, que votre époux a été pris d'une crise de folie. Que lui avez-vous donc fait ?...

Ermengarde grillait de curiosité, mais Catherine se sentait faible comme un chat malade et n'avait aucune envie de raconter tout de suite les événements de la veille. Elle souleva ses mains bandées, les regarda avec une sorte de stupeur vaguement amusée. Le baume dont elle était enduite des pieds à la tête suintait en larges taches jaunes et graisseuses à travers la toile fine des pansements. Elle avait l'impression d'être transformée en une espèce de grande poupée de chiffons. Seuls ses cheveux soigneusement nattés qui s'étalaient sur la couverture devant' elle lui paraissaient vivre et faire vraiment partie de son corps. Elle soupira. Ermengarde comprit ce que voulait dire ce soupir.

Vous avez raison, taisez-vous ! Vous êtes trop lasse maintenant, vous me direz plus tard...

Par contre, étant indemne, la comtesse se mit à bavarder avec animation.

Garin n'avait pas osé reparaître, mais son ami Nicolas Rolin était venu tout à l'heure prendre des nouvelles. Ermengarde l'avait reçu fraîchement en lui déclarant qu'elle se chargeait de veiller jusqu'à nouvel ordre sur la dame de Brazey et que moins elle entendrait parler de Garin ou de ses amis et plus elle serait

contente. Rolin était parti sans demander son reste. La gardienne de Catherine avait dit quelque chose d'analogue, mais sur un ton plus affable, au page de Monseigneur quand il s'était présenté, une demi-heure plus tôt. Catherine haussa les sourcils sous son masque de pansements.

Le duc a envoyé un page ?

Oui, le jeune de Lannoy, son page favori. J'ai cru comprendre que Son Altesse espérait votre compagnie pour ce soir. Naturellement, je vous ai excusée.

Qu'avez-vous dit, ma chère Ermengarde ?

La vérité, tout simplement. J'ai dit que votre gracieux époux vous avait battue comme plâtre et que vous étiez à moitié morte. Cela vaudra à ce sauvage de Garin une mercuriale dont il se souviendra longtemps et qui lui ôtera probablement l'envie de recommencer.

Miséricorde ! gémit la jeune femme accablée. Mais toute la ville va se moquer de moi ! Je n'oserai plus regarder quiconque en face quand on saura que j'ai été fouettée comme une esclave.

Le petit Lannoy est gentilhomme, ma chère. Il sait que ce qu'on lui confie pour les oreilles de son maître n'a rien à faire dans celles des autres. Il ne soufflera mot ! J'ajoute qu'il était sincèrement indigné. Ce gamin vous admire beaucoup, ma belle... Il serait même un peu amoureux de vous que cela ne m'étonnerait pas. Mais buvez donc ceci.

Sara, en effet, apportait un bol de verveine dans lequel elle avait mélangé un certain nombre d'herbes mystérieuses. Avec bien de la peine, et l'aide d'Ermengarde, Catherine parvint à s'asseoir dans son lit. Le breuvage avait une saveur un peu acide qui n'était pas désagréable. C'était surtout chaud et réconfortant.

J'ai mis une herbe qui te fera dormir, fit Sara. Quand on dort, la douleur, elle aussi, s'assoupit...

Catherine n'eut pas le temps de répondre. La porte de la chambre venait de s'ouvrir sous la main d'un homme vêtu et masqué de noir dont l'apparition fit sursauter les trois femmes. Il s'encadrait dans le chambranle de la porte sans plus bouger qu'une statue mais, à travers les trous du masque, on pouvait voir briller des yeux gris.

Qui êtes-vous ? s'écria Ermengarde tout de suite sur la défensive. Et que voulez-vous ?

Elle se plia aussitôt en une profonde révérence car l'arrivant venait d'ôter son masque. C'était le duc Philippe. Mais son geste avait dû être machinal car, apparemment hypnotisé par le spectacle étalé sous ses yeux, Philippe était l'image même de la stupeur.

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