Оноре де Бальзак - Отец Горио. Книга для чиения на французском языке

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Оноре де Бальзак Le père Goriot / Отец Горио. Книга для чтения на французском языке

© Антология, 2005

© КАРО, 2005

Au grand et illustre Geoffroy Saint-Hilaire. Comme un témoignage dadmiration de ses travaux et de son génie. de Balzac

I Une pension bourgeoise

La maison où sexploite la pension bourgeoise appartient à madame Vauquer. Elle est située dans le bas de la rue Neuve-Sainte-Geneviève, à lendroit où le terrain sabaisse vers la rue de lArbalète par une pente si brusque et si rude que les chevaux la montent ou la descendent rarement. Cette circonstance est favorable au silence qui règne dans ces rues serrées entre le dôme du Val-de-Grâce et le dôme du Panthéon, deux monuments qui changent les conditions de latmosphère en y jetant des tons jaunes, en y assombrissant tout par les teintes sévères que projettent leurs coupoles. Là, les pavés sont secs, les ruisseaux nont ni boue ni eau, lherbe croit le long des murs. Lhomme le plus insouciant sy attriste comme tous les passants, le bruit dune voiture y devient un événement, les maisons y sont mornes, les murailles y sentent la prison. Un Parisien égaré ne verrait là que des pensions bourgeoises ou des institutions, de la misère ou de lennui, de la vieillesse qui meurt, de la joyeuse jeunesse contrainte à travailler. Nul quartier de Paris nest plus horrible, ni, disons-le, plus inconnu.

La rue Neuve-Sainte-Geneviève surtout est comme un cadre de bronze, le seul qui convienne à ce récit, auquel on ne saurait trop préparer lintelligence par des couleurs brunes, par des idées graves; ainsi que, de marche en marche, le jour diminue et le chant du conducteur se creuse, alors que le voyageur descend aux Catacombes. Comparaison vraie! Qui décidera

larmes intra muros et extra (лат.) в самом городе и за его стенами
All is true (англ.) Все правда

de ce qui est plus horrible à voir, ou des cœurs desséchés, ou des crânes vides?

La façade de la pension donne sur un jardinet, en sorte que la maison tombe à angle droit sur la rue Neuve-Sainte-Geneviève, où vous la voyez coupée dans sa profondeur. Le long de cette façade, entre la maison et le jardinet, règne un cailloutis en cuvette, large dune toise, devant lequel est une allée sablée, bordée de géraniums, de lauriers-roses et de grenadiers plantés dans de grands vases en faïence bleue et blanche. On entre dans cette allée par une porte bâtarde, surmontée dun écriteau sur lequel est écrit: «MAISON-VAUQUER», et dessous: «Pension bourgeoise des deux sexes et autres». Pendant le jour, une porte à claire-voie, armée dune sonnette criarde, laisse apercevoir au bout du petit pavé, sur le mur opposé à la rue, une arcade peinte en marbre vert par un artiste du quartier. Sous le renfoncement que simule cette peinture, sélève une statue représentant lAmour. A voir le vernis écaillé qui la couvre, les amateurs de symboles y découvriraient peut-être un mythe de lamour parisien quon guérit à quelques pas de là. Sous le socle, cette inscription à demi effacée rappelle le temps auquel remonte cet ornement par lenthousiasme dont il témoigne pour Voltaire, rentré dans Paris en 1777:

Qui que tu sois, voici ton maître:

Il lest, le fut, ou le doit être.

Le jardinet, aussi large que la façade est longue, se trouve encaissé par le mur de la rue et par le mur mitoyen de la maison voisine, le long de laquelle pend un manteau de lierre qui la cache entièrement, et attire les yeux des passants par un effet pittoresque dans Paris. Chacun de ces murs est tapissé despaliers et de vignes dont les fructifications grêles et poudreuses sont lobjet des craintes annuelles de madame Vauquer et de ses conversations avec les pensionnaires. Le long de chaque muraille, règne une étroite allée qui mène à un couvert de tilleuls, mot que madame Vauquer, quoique née de Conflans, prononce obstinément «tieuille», malgré les observations grammaticales de ses hôtes. Entre les deux allées latérales est un carré dartichauts flanqué darbres fruitiers en quenouille, et bordé doseille, de laitue ou de persil. Sous le couvert de tilleuls est plantée une table ronde peinte en vert, et entourée de sièges. Là, durant les jours caniculaires, les convives assez riches pour se permettre de prendre du café viennent le savourer par une chaleur capable de faire éclore des œufs.

La façade, élevée de trois étages et surmontée de mansardes, est bâtie en mœllons, et badigeonnée avec cette couleur jaune qui donne un caractère ignoble à presque toutes les maisons de Paris. Les cinq croisées percées à chaque étage ont de petits carreaux et sont garnies de jalousies dont aucune nest relevée de la même manière, en sorte que toutes leurs lignes jurent entre elles. La profondeur de cette maison comporte deux croisées qui, au rez-de-chaussée, ont pour ornement des barreaux en fer, grillagés. Derrière le bâtiment est une cour large denviron vingt pieds, où vivent en bonne intelligence des cochons, des poules, des lapins, et au fond de laquelle sélève un hangar à serrer le bois. Entre ce hangar et la fenêtre de la cuisine se suspend le garde-manger, au-dessous duquel tombent les eaux grasses de lévier. Cette cour a sur la rue Neuve-Sainte-Geneviève une porte étroite par où la cuisinière chasse les ordures de la maison en nettoyant cette sentine à grand renfort deau, sous peine de pestilence.

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